Bergamote et crise cardiaque - Myria&Harmo

L'un des avantages à faire partie du personne de Poudlard, c'est qu'elle a désormais sa chambre personnelle tout en pouvant y inviter ses amis, qu'ils soient déjà diplômés ou toujours dans l'établissement. La pièce n'est pas énorme et la fenêtre est vraiment minuscule mais, après tout, il s'agit d'un château médiéval. Quand elle y est arrivée, c'était moins qu'accueillant, l'endroit n'avait plus servi depuis des années. Mais avec la bonne quantité de Gallions, ce fut rapidement meublé, rénové, transformé. Ses parents n'allaient pas laisser leur fille chérie vivre dans un placard à balais. Par la suite, elle avait pris le temps d'ensorceler les murs, le sol et le plafond, les moindres interstices pour que personne ne puisse espionner ses agissements. Paranoïaque ? Oui, tout de même un peu. Il faut dire qu'elle a pas mal de choses à cacher. Aujourd'hui, elle a ouvert les tentures et arrangé les coussins des fauteuils. L'eau commence à fumer. Les tasses sont prêtes. Elle attend de la visite.

Harmorica est supposée venir discuter un peu, cela fait un moment qu'elles n'ont plus eu l'occasion de se croiser ailleurs qu'à la bibliothèque, où les discussions se doivent d'être discrètes et sans biscuits. Bon, pour les biscuits, ce n'est pas une règle officielle, mais avec Jorgen dans les parages, elle n'ose pas trop les amener. Son matériel de potions, avec tout ce qui traîne habituellement à vue, a été poussé dans une armoire. Heureusement pour elle qu'elle est plus grande à l'intérieur. Sinon, ça ne serait jamais rentré. Il faut dire qu'elle aime changer de chaudron selon les préparations, pour un résultats optimal, et que ça prend vite une place importante, ces petites bêtes là. La bouilloire siffle et elle verse l'eau dans les tasses. Avec un timing impeccable, elle entend qu'on frappe à la porte. Elle attrape sa baguette et l'agite en direction de la porte qui s'ouvre docilement avant de continuer à servir le thé.

Entre ! Je t'en prie, fais comme chez toi. Du lait et du sucre ?

Elle laisse son amie s'installer. Tout en surveillant du coin de l'oeil pour vérifier qu'elle ne manque de rien. Il faut dire qu'elle est plutôt à cheval sur les bonnes manières, cette petite.

H A R M O & M Y R I A

Le réveil avait été chaotique, et plutôt désagréable. Harmorica avait songé à transformé sa compagne de chambre en grenouille, mais elle savait d'avance qu'elle l'aurait regretté. Irélia n'était pas là cette nuit, et une cinquième année en avait profité pour ramené son plumeau, sans vraiment laisser le choix à la son aînée. Épuisée, Harmorica avait donné son aval de préfète pour que les deux amoureux dorment – Hum hum – dans la chambre, à condition qu'ils y aillent doucement. Ce qui avait été loin d'être le cas.
Elle avait prit sur elle de mettre les deux ados à la porte aux aurores. Après tout, ils étaient là sur son autorisation, et sa tête le lançait tellement que crier lui aurait sans doute valut une migraine. Elle avait dont préféré ignorer sa gène et avait quitté la pièce le plus vite possible, histoire d'éviter de voir les mômes se bécoter sans discrétion sous son nez dès le réveil.

Une promenade en extérieur s'était imposée, le château était encore complètement endormit à cette heure... Dehors, le soleil étalait sa lumière derrière les arbres, au fond du Lac. Bientôt, il monterait réchauffer la terre de ses rayons, et Poudlard prendrait vie. Elle pourrait alors se rendre à son rendez-vous.

Myria était une des rare personne à qui la jeune femme tenait vraiment. Elle avait été son amie pendant ses années en tant que préfète à Poudlard, et à l'image de Narcissa, elle avait été son modèle, son mentor, et une confidente dont elle avait encore du mal à se passer. Maintenant bibliothécaire au château, Harmorica la voyait beaucoup moins. Elle n'avait jamais vraiment compris ce que la jolie brune trouvait de palpitant les livres pour désirer y vivre, mais elle respectait ses choix.

Rarement en retard, surtout pour ses discussions avec son amie, Harmorica avait prit le chemin de la chambre de Myria afin d'arriver à l'heure prévue. A peine avait-elle manifester sa présence en toquant à la porte que cette dernière s'ouvrait magiquement, dévoilant une Myria tout sourire. Un sourire qu'Harmorica adorait ! Cette fille avait été une Serpentard, et parfois sa cadette avait du mal à y croire tellement elle était adorable, et à des kilomètres de l'idée que tout le monde se faisait des verts et argent.

Visiblement heureuse de la voir, elle invita la jeune femme à s'asseoir et lui proposa du lait et du sucre dans son thé. Harmorica acquiesça et lui offrit un sourire radieux. « Oui, s'il te plait. » Si Myria n'avait pas été occupée, la Serpentard lui aurait sans doute sauté dans les bras. Ces derniers temps, son moral jouait au yoyo, et voir ses amie était souvent synonyme de relâchement. Elle abandonnait son masque habituel et se laissait totalement aller à ses émotions. Là, en présence de son aînée, elle aurait été parfaitement capable de fondre en larmes sans raison, simplement pour relâcher la pression.

Heureusement elle parvint à se contenir et attendit que Myria lui ai servit son thé avant de le porter à ses lèvres et commencer à le siroter. La petite brune vint ensuite s'asseoir face à elle, et Harmorica lui sourit de nouveau. « Alors, ton boulot ? Tu te plais ? Pas trop bizarre de revenir à Poudlard en tant qu'autorité supérieure ? » Elle rit à demi et chipa un biscuit sur la table avant de le grignoter en silence.

Au contact des feuilles, l'eau prend lentement de la couleur. Les deux petites tasses sont identiques, en porcelaine joliment décorée, un héritage de famille. Posées sur des petites soucoupes assorties, avec des petites cuillères gravées. Elles s'envolent gracieusement pour aller se poser sur la table, suivie de la petite carafe de lait et du pot à sucre. S'installant en face d'elle, elle arrange son thé (pas trop de sucre ni trop peu, une larme de lait) avant d'en prendre une petite gorgée. Harmorica, avec un sourire, lance la conversation, sur une note joyeuse accompagnée d'un rire.

« Mh... Ce n'est pas désagréable. »

Elle sourit, d'un sourire un peu penché. C'est un euphémisme. Elle adore avoir le pouvoir de réprimander un élève. Surtout certains. Madison, par exemple. Sa cousine a enfin une raison de ne plus l'insulter : la peur de recevoir une retenue. Les fauteurs de trouble l'évitent et son monde en est plus ordonné. Elle croise moins les Maraudeurs et c'est pour le mieux, vu la tension qu'il y a entre elle et Sirius en ce moment. Soit. Elle aimerait que la conversation reste légère.

« Les élèves dérangent plus les livres que je n'aurais jamais pu l'imaginer en revanche. »

Et comme elle aime ses étalages bien rangés, elle finit souvent à faire des heures supplémentaires. La dernière fois qu'elle a quitté la bibliothèque en la laissant dérangée, elle en a fait des cauchemars et est revenue terminer en pleine nuit. Maniaque ? Si peu. Puisque Jorgen n'est pas aussi à cheval sur l'ordre qu'elle, lorsqu'elle revient de ses trois jours au Ministère, c'est toujours un véritable champ de bataille. Elle reprend une gorgée de thé avant de poser la tasse sur sa soucoupe et de se saisir d'un biscuit.

« Ce qui me plaît le plus, c'est quand même ce qui se passe en dehors de Poudlard... »

Elle sourit avant de croquer dans son biscuit. Au départ, si elle avait pris un travail à la bibliothèque de Poudlard, c'était pour faire plaisir à ses parents. Elle avait compris pourquoi quand, une semaine après avoir signé son contrat, ils lui avaient annoncé les fiançailles. Ils comptaient sur sa présence au château pour se rapprocher de son fiancé ou tout du moins le surveiller. Elle avait supplié son père de lui trouver un poste au Ministère (pour lancer sa carrière, entre autres choses) et il avait fini par lui trouver un "petit quelque chose". Trois jours par semaine, elle assisterait dans ses tâches quotidiennes Mr. Winterfell, Directeur du Département de la Justice Magique. C'est assez palpitant, elle y rencontre des Aurors, des policiers, des tireurs de baguettes magiques d'élite...

« Même si mon boss est un peu terrifiant. Enfin. Il est... séduisant et... charme un peu tout le monde. Je ne sais même pas si il le fait exprès. » Elle fait la moue. Ambiance un peu étrange mais au moins, le boulot est intéressant. « Et toi, quoi de beau en ce début d'année ? Des choses sortant de l'ordinaire ? »

A voir le sourire de la jeune femme, il ne faisait aucun doute que cette dernière était heureuse de sa nouvelle vie. Myria n'avait jamais été le genre de Serpentard que tout le monde déteste, bien au contraire, et parfois Harmorica aurait aimé lui ressembler... Son amie était une femme de caractère malgré tout, et le ton malin qu'elle mettait dans ses mots laissait penser qu'elle prenait goût à l'autorité. Elle avait été préfète des verts et argents, mais faire partie du personnel était différent. La jeune Serpentard eut un petit rire. « J'imagine que tu dois bien t'amuser ! » Elle lui fit un petit clin d’œil et la laissa continuer, tout en continuant à siroter doucement son thé.

Elle rit lorsque Myria évoqua les livres dérangés. Elle connaissait l'amour de son amie pour l'ordre et la propreté, et la bibliothèque devait être le genre de lieu à la rendre folle ! Elle ne fit pas de commentaire et croqua dans un biscuit. Son attention fut retenue pas le goût exquis du petit gâteau sablé, et elle le savoura pendant que son amie continuait de parler. Elle réveilla Harmorica en évoquant l'extérieur de Poudlard. Son travail au Ministère ! Elle avait presque oublié, l'espace d'un instant... Complétement revenue dans la conversation, Harmorica buvait les paroles de son aînée. Lorsque cette dernière évoqua le charme terrifiant de son patron, la Serpentard se redressa légèrement et offrit un large sourire à Myria.

« Oh ! Il faudrait que tu me le présentes ! Et je pourrais te dire si il fait exprès ou non... je suis experte dans ce genre de trucs ! Par contre, attention à toi ! Ne va pas te faire avoir... » Ravie et impatiente, Harmorica termina sa tasse de thé et s'en servit une autre, euphorique. Elle adorait ce genre de sujets palpitants, uniquement évoqués entre filles.

Même la question de son amie concernant son début d'année à Poudlard ne parvint pas à lui faire retomber son morale. C'était le pouvoir mystérieux de Myria Greengrass. Elle parvenait à la remplir d'une joie inconsidérée sans même s'en rendre compte. Leurs conversations, qu'elles soient légères ou parfaitement sérieuses, avait toujours fait du bien à la Serpentard, et elle était véritablement heureuse que son amie soit restée à Poudlard, même si ce n'était que pour une partie de la semaine.
Distraite par les propos de Myria et son thé, Harmorica lui répondit d'un air ailleurs.

« Oh tu sais, c'est Poudlard... Les premières années sont téméraires et jouent les coq. J'ai offert à l'un d'eux la chance de pouvoir se pavaner ainsi pendant une semaine. Une belle crête et une charmante queue colorée en plumes ! Très amusant ! Sinon... je dois dire que le reste est à mourir d'ennui... Que dire ? » Elle reposa la théière et chipa un biscuit qu'elle avala d'une traite avant de sourire, la bouche pleine. Puis un souvenir lui revint et elle partit au quart de tour. « Oh mon Dieu, si ! Il y a bien quelque chose ! Tu sais, Rodolphus Lestrange ? Je me suis retrouvée nue dans la salle de bain des préfets avec lui l'autre soir ! C'était... spécial, je dois dire... »

La jeune femme se remémora ce moment assez étrange où elle avait jouer dans un bain moussant avec son collègue, avant de discuter fiançailles... Elle avait apprécié parler avec le jeune homme. Elle ne jamais toujours pas si elle pouvait le considérer comme un ami, mais il était un soutien dans ce monde de fous, dans lequel elle pataugeait, le plus souvent.

Oui, c'est vrai qu'elle s'amusait bien dans sa position d'autorité. Harmorica comprenait, puisqu'elle était plus ou moins dans la même situation. Elle tentait d'utiliser son autorité au mieux, pour faire en sorte que les choses tournent rond dans le château. Même si parfois il était tentant d'en profiter pour obtenir une faveur ou l'autre, demander avec un air sévère de l'aide à un élève pour être certaine de l'obtenir, par exemple.

Myria n'était qu'à moitié étonnée qu'elle veuille le rencontrer. D'ailleurs, elle devait avoir une photo quelque part... Elle lui lança un regard un peu perplexe. Se faire avoir ? Il aurait pu être son père ! Enfin... Presque. Si il avait commencé tôt, peut-être. De tout façon, c'était absolument hors de question. Mais bon, elle lui comptait bien le lui présenter tout de même, histoire d'être fixée. Savoir si il la mettait mal à l'aise intentionnellement ou pas.

Métamorphoser un élève en coq ? Myria se mit à rire. Elle n'aurait jamais osé faire une chose pareille mais ici, loin de toutes les oreilles indiscrètes, elle pouvait admettre que c'était amusant. C'était au moins ça qui avait pu animer un peu ses premières semaines de cours. Buvant une gorgée de thé, elle allait lui demander ce qu'elle pensait des nouveaux professeurs quand Harmorica reprit la parole. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle ne s'était pas attendue à ça.

Le thé qu'elle s'apprêtait à boire s'infiltra dans ses poumons alors qu'elle avait pris une inspiration tout en tentant d'avaler. Myria toussa bruyamment et posa sa tasse sur la table pour ne pas renverser et risquer de se brûler. Bizarrement, il ne lui en avait pas parlé. Il allait avoir droit à une jolie conversation, elle se le promettait. Elle avait les joues écarlates et fixait son amie, les yeux écarquillés.

« C'est une blague ? »

Elle espérait sincèrement que ça en soit une mais la question était plutôt rhétorique. Sa relation avec Rodolphus était restée secrète pour un tas d'excellentes raisons et ce n'était pas qu'elle ne faisait pas confiance à sa cadette. Juste... Qu'un secret n'en est plus vraiment un si on se permet d'en parler.

« On dirait que j'ai manqué pas mal de choses, tu as d'autres nouvelles du genre à m'annoncer ? » Elle tripota l'ourlet de sa jupe avant d'enchaîner : « Ça fait longtemps que vous... vous voyez comme ça ? »

Oui, elle tentait d'en savoir plus. Elle lui aurait bien fait une crise de jalousie mais ce n'était pas le propos puisque la jeune femme n'était pas au courant. Et elle ne savait pas vraiment comment le lui annoncer. "Oh, au fait, le type avec lequel tu viens de passer du bon temps, je sors avec depuis trois ans." Ça ne sonnait pas si bien que ça. Enfin, au moins, elle commençait à le digérer, de son mieux. Si il lui avait caché ça, Merlin seul savait ce qu'il y avait d'autre à découvrir. Bien sûr, elle savait que c'était un jeune homme charmant et charmeur. Mais elle ne supportait pas que toutes ses déclarations romantiques de début d'année soit suivies par de telles découvertes. Soit. Il fallait qu'elle en parle à son amie. Elle cherchait juste... le bon moment, si bon moment il y avait.

Harmorica n'en avait pas attendu moins de la réaction de son amie quant à sa déclaration concernant Rodolphus. Elle-même n'en revenait toujours pas d'avoir fait ça, alors elle comprenait que Myria soit surprise... Cependant elle crut un moment que la jeune femme allait réellement s'étouffer, et son air serein se transforma en appréhension. Elle se figea et fixa sa compagne d'un air paniqué. « Myria, ça va aller ? » Elle allait proposer de lui tapoter dans le dos pour faire passer la toux lorsque la jeune assistance bibliothécaire réussit à reprendre le contrôle de sa respiration. Elle semblait plus gênée et mal à l'aise que surprise, à bien y regarder, et cela commençait à faire réellement peur à Harmorica. Sa question – rhétorique à son ton – termina de la paniquer et elle chercha quoi dire pour expliquer son comportement, que jusqu'ici elle n'avait pas jugé condamnable...

Heureusement, Myria sembla se radoucir et l'interrogea sur d'autres nouvelles 'effets bombe atomiques' et la vieillesse de sa relation avec Rodolphus. Incertaine, la Serpentard cherchait à être sincère tout en essayant de ne pas aggraver sa situation. « Eh bien... On ne se voit pas vraiment. Enfin pas dans le sens... C'est juste pour le travail. Le rôle de préfet, tout ça... Le reste est plutôt récent. Ce soir là dans la salle de bain, c'était étrange parce qu'on s'est ouvert l'un à l'autre, on a beaucoup parlé, on s'est confiés... Et je crois que ça m'a fait du bien de parler à quelqu'un que je connaissais mal et qui me connaissait mal. Ça a changé beaucoup de chose. »

La jeune femme avait réellement apprécié discuter avec son camarade. Il était loin de l'image qu'elle se faisait de lui, et elle avait trouvé agréable de pouvoir être elle-même en sa compagnie... Elle n'aurait pas jusqu'à le considérer comme un ami, mais leur relation semblait aller dans le bon sens. Elle eut un petit sourire qui se voulait rassurant pour Myria, ainsi que pour elle-même. « En fait, c'était étrange parce que... il n'y avait que très peu d'ambiguïté entre nous. Je veux dire... On a fait que parler et s'envoyer de la mousse... Rien de bien méchant en soi. Je ne sais même pas si il m'a regardé autrement que dans les yeux une seule fois. » Bizarrement, la Serpentard avait besoin de préciser cela, même si elle n'avait dit avoir fait quoi que ce soit que parler avec Rodolphus, les malentendus étaient courants pendant les conversations concernant ce genre de situations...

« C'est quelqu'un de bien. Pas le genre d'homme auquel je m'attendais. Vraiment, il m'a surprise. Je crois qu'il n'est pas celui qu'il prétend parfois... » A demi perdue dans ses souvenirs, Harmorica laissa ses pensées s'exprimer tout haut d'un air rêveur. « Je crois que la femme qu'il aimera aura beaucoup de chance... »

Elle plongea ses yeux dans ceux de Myria et lui offrit un sourire radieux et innocent. Elle même n'était pas du tout attirée par Rodolphus – du moins elle le trouvait séduisant et n'aurait pas refusé de passer du temps avec lui autrement qu'à discuter torchons – elle n'avait pas d'attirance émotionnelle. Lui semblait être un grand romantique, et la Serpentard avait vu combien il était tourmenté de se savoir promis à Bellatrix, que de toute évidence, il n'aimait pas – même si il disait simplement ne pas encore la connaître – et n'aimerait peut-être jamais.

« Sinon... eh bien, je peux peut-être te le dire à toi... Tout Poudlard est au courant de toute façon. Et j'avoue que si parfois j'ai honte des certaines choses, de ça, je suis plutôt fière ! Ce type ne mérite que ça... » La Serpentard releva les yeux vers son amie et la regarda d'un air malicieux. « J'ai couché avec Sirius Black ! » Elle avait lâché ça comme si il s'agissait du coup du siècle, alors qu'en réalité c'était par pure plaisanterie... histoire de s'amuser un peu ! « Bon je sais, c'est franchement dingue étant donné que je peux pas le piffrer mais... c'est ça le meilleur, tu vois ?! » Euphorique, Harmorica se rendait à peine compte que la nouvelle était loin de susciter le même plaisir coupable chez son hôte...

C'était un de ses jours où elle se disait qu'elle aurait mieux fait de rester au lit. Lorsqu'Harmorica lui avait appris avoir "passé du temps" dans la salle de bain des préfets avec le jeune Lestranges, Myria avait failli s'étouffer et aurait presque préféré être envoyée à l'infirmerie pour que cette discussion se termine. La bibliothécaire avait pris sur elle pour continuer et surtout, pour en savoir plus. La préfète répondit, sincèrement, ou du moins c'était ce qu'il lui semblait, à sa question concernant la durée de sa relation avec Rodolphus et, si ce qu'elle lui dit la rassura, elle conclut tout de même qu'elle devrait avoir une bonne conversation avec le jeune homme. Même si il ne s'était rien passé, elle ne considérait pas comme normal le fait de discuter nus, fut-ce dans un bain, avec la première personne venue, fut-ce quelqu'un aussi gentil que son amie. Heureusement qu'elles s'entendaient si bien.

Ah, des ragots. Rien de tel pour changer de sujet et d'humeur. Innocents ragots. C'est vrai qu'elle n'était pas très au fait de ce genre de chose parce qu'elle croisait les élèves principalement dans la bibliothèque, lieu où on était tenu d'être silencieux. Elle les aimait bien pourtant, surtout que son amie était douée pour raconter et, en l'occurrence, pour faire durer le suspens. De nouveau une petite gorgée de thé, avant qu'il ne soit froid. Pardon ? Elle avait fait quoi ? Une deuxième fois, elle manqua de s'étouffer en avalant trop vite. Elle posa sa tasse sur la table, bien décidée à ne plus y toucher pour le moment. Avec un petit sourire, elle s'excusa :

« Ce n'est pas mon jour, je crois. »

C'était quand même un genre d'exploit. D'arriver à avoir des aventures, plus ou moins intimes, mais soit, avec les deux seules personnes en Angleterre dont elle ne se fichait pas. Myria laissa échapper un soupir. Elle n'avait qu'à lui en parler plus tôt. Mais si elle se permettait d'en parler à Harmo, il aurait pu en parler à Aaron ou à quiconque d'autre. Et c'est comme ça que les secrets cessent d'en être. Elle n'aurait pas du en avoir, ça ne serait pas arrivé.

« Ça doit être le destin qui se moque de moi. »

Elle passa une main dans ses cheveux, décidée à la mettre au courant. Au risque d'avoir encore beaucoup de conversations étranges. Elle posa son regard sur son amie, tentant de ne pas prendre l'air grave et accrochant même un sourire, nerveux, sur son visage.

« J'ai aussi quelques nouvelles à t'annoncer. » Elle tripotait sa robe, jouait avec ses doigts pour tenter d'évacuer son stress. Ce n'était pas très efficace... Mais puisqu'il fallait bien que les mots finissent par sortir, elle se lança : « Cela fait un bon moment, enfin plus de deux ans, que je sors, plus ou moins, avec... Eh bien avec Rodolphus. » Elle fit une petite pause pour la laisser digérer ça avant de poursuivre. « Ça et mes parents qui m'ont fiancé, pendant ces vacances-ci, à Sirius. On parle bien du même. Voilà, voilà. »

Au moins, maintenant, les secrets étaient sortis du placard. Certains. Elle n'allait sous aucun prétexte lui dire qu'elle faisait partie de l'Ordre, par exemple. Mais soit. Ces deux là devait déjà être assez à assimiler pour l'instant. Elle allait sans doute avoir des réponses et des explications à donner et elle attendait que son amie mène la conversation vers ce qui l'intéresserait le plus, plutôt que de l'inonder d'informations inutiles ou, du moins, inintéressantes.

Depuis quelques minutes, les propos de Myria n'avaient plus aucun sens pour la jeune femme. Pas son jour ? En quoi n'était-ce pas son jour ? N'était pas heureuse de voir son amie, alors que le plus souvent elles ne faisaient que se croiser sans pouvoir s'arrêter suffisamment pour discuter ? Un moment, Harmorica se sentit mal à l'aise. Sa franchise naturelle faillit la faire demander si sa présence était gênante et proposer de s'en aller, mais sa raison l'arrêta de justesse. Finalement, elle ne sortit jamais sa connerie, tentant plutôt de comprendre ce que le destin venait maintenant faire dans toute cette histoire...

Perdue dans les yeux de son amie, Harmorica tendait de suivre le fil de ses pensées, sans grandes succès. Myria avait encore faillit s'étrangler avec son thé – ce qui devenait plus inquiétant qu'hasardeux – et la Serpentard commençait à craindre le pire. Était-ce ses paroles qui mettaient son aînée dans un état pareil ? Qu'avait-elle dit de mal ? Certes, Myria n'était peut-être pas très portée sur l'humiliation publique, mais de là à être choquée... Ce type de pratique était assez commun à Poudlard, surtout entre Serpentards et Gryffondors, et il n'y avait rien de vraiment punissable. Black était consentant, après tout.

Perturbée par les réactions improbables de l'aide bibliothécaire, Harmorica s'apprêtait à l'interroger. Elle fut devancer par la première concernée. La première annonce lui arracha un frisson et engendra un tourbillon de questions... A la voir se tortiller sur sa chaise, ces 'nouvelles' mettaient mal à l'aise Myria, et cela n'augurait rien de bon !

Dans le mille. C'était pire que la jeune femme ne l'avait prévu. Bien pire. En fait c'était même carrément catastrophique. Totalement inattendu et véritablement choquant. Enfin, en un sens cela répondait à de nombreuses interrogations de la Serpentard, notamment l'origine du malaise entre les demoiselles depuis qu'elle avait évoqué sa discussion mousse avec Rodolphus. Et une vois encore, elle se rendait compte qu'elle aurait mieux fait de la fermer. Véritablement choquée – une fois n'est pas coutume – Harmorica ne retrouvait dans l'incapacité de réagir de manière raisonnée. Elle ouvrait la bouche comme un poisson hors de l'eau, mais aucun son ne sortait. Les mots tournaient dans sa tête sans former de phrase cohérente et digne d'être balancée après une telle annonce.

Le choc post-traumatique dura quelques secondes. Il fallut au moins cela à la sorcière pour parvenir à réagir enfin. « Eh bien. C'est... comment dire ? Plutôt surprenant. » Remarque totalement inutile. Elle aurait peut-être mieux fait de se taire encore un moment et choisir plus soigneusement ses mots... Désireuse de passer à autre chose, Harmorica descendit d'un trait son thé, croqua dans un biscuit en fixant le sol, les yeux dans le vague, et le termina en silence. Elle releva la tête, se cala dans sa chaise et regarda Myria en essayant de paraître... normale. « Tu sors avec Rod ? Depuis deux ans ? Pourquoi... pourquoi tu me l'as pas dit avant ? Comment j'ai fait pour rien voir.. ? Et pourquoi... » Elle se rappelait sa discussion avec Rodolphus vis à vis de Bellatrix. Le jeune homme semblait mal à l'aise d'être promit à elle et sur le moment cela lui avait parut totalement normal. Mais les aveux de Myria changeaient bien des choses...

« Décidément, vous avez vraiment la poisse tous les deux. Promis réciproquement à deux Black de compétition. Franchement, je sais pas lequel de vous deux est le plus à plaindre dans cette histoire... » Harmorica eut un petit rire nerveux qui se voulait tout sauf rassurant. Son humour était sans doute déplacé, mais elle n'arrivait pas à rester sérieuse avec une telle bombe... Surtout lorsque la bombe en question faisait autant de jolis dégâts autour d'elle...

« Pardon... c'était plus fort que moi. C'est tellement de la folie ce truc ! Je te promets que c'était pas prémédité. Et je suis... désolée. Pour Sirius. Quoiqu'il le méritait... Je sais pas ce que tes parents trouvent à ce petit coq – ou sa famille puisqu'elle semble prisée ces derniers temps – mais je te plains sincèrement. Il ne te mérite pas. Il ne te méritera jamais... Et si en plus tu aimes Rod... Tu l'aimes n'est-ce pas ? Et lui, il t'aime ? Pardon, je sais maintenant que c'était un secret mais... je ne l'ai pas trouvé très... enfin dans une optique de couple, quand j'ai.. discuté avec lui, l'autre soir... »

En avait-elle trop dit ? Harmorica resta les yeux fixés dans ceux de son amie, incapable de se pardonner les bourdes qu'elle venait encore – sans doute – de faire. La pauvre était déjà mal et elle en rajoutant sans même penser à ce qu'elle pouvait ressentir... Vraiment, de la méchanceté pure et simple. Cette idée fit frissonner la jeune femme. Si elle faisait même souffrir ses amis les plus proches, comment serait-elle capable de ne pas faire souffrir ses ennemis ? Heureusement dans ce cas précis, c'était involontaire. Elle espérait que Myria ne lui en veuille pas, et n'aille pas s'imaginer des choses fausses... Elle faillit demander mais sa raison – une fois encore – retint la bourde.

Harmorica semblait vraiment choquée. Ce n'était pourtant vraiment pas son genre de n'avoir rien à dire, aucun commentaire à faire. Était-ce si improbable que ça que Myria sorte avec quelqu'un ? Ou était-ce juste le tournant que cette conversation avait pris qui la rendait muette ? Elle voyait la bouche de son amie s'ouvrir puis se fermer alors qu'elle terminait de sortir tout ce qu'elle avait à sortir. Pour éviter d'autre conversations vraiment gênantes. Quand elle eut terminé, elle ne savait plus vraiment où se mettre. Enfin, elle était sur sa chaise, bien entendu, mais le silence s'étirait et elle n'osait pas vraiment risquer à nouveau de s'étouffer avec son thé. Elle eut un petit geste pour replacer une mèche de cheveux dans sa coiffure avant de replacer ses mains sur ses genoux, puisqu'elle ne savait pas quoi en faire d'autre. Finalement, Harmo recommença à parler et Myria a se détendre, un tout petit peu. Surprenant, elle se doutait un peu que ça avait eu cet effet là. Ses doigts recommencèrent à tripatouiller l'ourlet de sa robe, geste nerveux dont elle avait vraiment du mal à se défaire. Elle observa son amie alors qu'elle finissait sa tasse et mangeait un biscuit en regardant ailleurs. La jeune Greengrass pouvait voir à quel point son amie tentait de se calmer, de faire comme si tout allait bien.

Elle finit par se remettre à parler posant des questions cette fois. Elle hocha la tête, confirmant ce qu'elle venait de lui dire mais n'ayant pas le temps d'ouvrir la bouche pour un "oui". Elle n'avait rien vu parce qu'ils n'étaient pas si mauvais que ça pour se cacher.

« Je suis désolée de ne pas te l'avoir dit plus tôt. » Ça pourrait paraître évident mais elle préfère le dire tout de même. « Dès le début, il n'avait pas envie que j'en parle, je n'avais pas envie qu'il en parle. Et puis, je ne savais même pas si c'était sérieux ou non... Puis ça l'est plus ou moins devenu. » Surtout qu'à l'époque, ils n'avaient pas vraiment besoin d'en parler. Pas besoin de justifier pourquoi ils se voyaient. Même maison, les rondes de nuit ensemble... Ça n'étonnait personne de les voir discuter. « Ce n'est pas que je ne te fais ou faisais pas confiance. Seulement, il ne fallait vraiment pas que ça s'apprenne. Et ici, toutes les conversations sont espionnées. Les portraits sont des commères, les fantômes rôdent pour trouver quelque chose qui les distraira de l'éternité... Certaines portes parlent. L'expression "les murs ont des oreilles" a dû être inventée pour ce château. »

Ce n'était peut-être pas une explication suffisante, mais au moins c'était un début. Oui, elle avait peur que ses parents l'apprennent. Ses parents ou quiconque d'autre. Elle avait une réputation a tenir et le fait qu'elle sorte avec un homme fiancé n'était pas exactement quelque chose qu'elle voulait sur son cv. Harmo semblait comprendre, au moins un peu. Compatir aussi. Lequel des deux était le plus à plaindre ? Elle n'en était pas sûre. Bellatrix était vraiment particulière mais, au moins, elle ne briserait pas l'arrangement fait par leurs parents. Rien n'était moins sûr pour Sirius. Enfin. Son amie rit, un peu nerveusement, et Myria rit avec elle. Parce que c'était tellement mieux que d'en pleurer. Et elle avait raison. Cette histoire était tellement... emmêlée.

« Je suis sûre d'avoir des sentiments pour lui mais... je ne sais pas trop ce qu'il en est de son côté. Il me dit qu'il tient à moi. Seulement, tu es supposé resté habillé avec les autres personnes dans ces cas là, non ? »

Elle sourit un peu amèrement peut-être, mais ce n'était pas à la préfète qu'elle en voulait. Elle voulait la rassurer le plus possible, parce que ce quiproquo n'était pas de sa faute. Harmo pensait lui annoncer des nouvelles amusantes, lui remonter le moral.

« Et pour Sirius, ne t'en fais pas. Tu t'amuses avec qui tu veux après tout. »

Elle continua à sourire, un peu amusée. Il avait dû être absolument mortifié. Si cela ne l'avait pas autant touché, elle aurait sans doute été morte de rire. Parce qu'en effet, l'ego du Gryffondor avait dû en prendre un bon coup.

« Bon, c'est sans doute un signe qu'on devrait se voir pour discuter plus souvent. »

Elle va aussi devoir avoir une bonne discussion avec Rodolphus. Une fois qu'elle saura exactement ce qu'elle en pense car elle était un peu confuse pour le moment. Était-elle supposée être énervée ? En colère ? Jalouse ? Elle ne savait pas trop.

Sujet: Re: Bergamote et crise cardiaque - Myria&Harmo