«
Où tu vas comme ça ? »
«
A ton avis ? »
J’avais répondu en souriant. Un grand sourire. Mon amie avait levé les yeux au ciel, totalement désespérée. Elle avait compris où j’allais. Ce soir, il y avait un entrainement de l’équipe de Gryffondor. Et toutes les occasions étaient bonnes pour le voir en action. Toutes. De qui je parle ? Sirius Black, bien sûr ! A Poudlard, je suis connue pour ça. Tout le monde sait que je suis sa fangirl numéro un, et que je ferai n’importe quoi pour passer ne serait-ce que quelques minutes à ses côtés. Assister aux entrainements fait partie de mes habitudes. Et j’avais attendu ça toute la journée.
J’avais donc remballé mes affaires, et je m’étais précipitée lorsque j’avais vu l’heure. Caitlyn et moi étions à la bibliothèque : nous bossions sur le devoir de Potions que nous avions à rendre dans deux jours. Je savais qu’elle allait rester encore un moment à travailler dessus. Lorsqu’il s’agissait de cette matière, j’allais très vite. Aucune difficulté en Potions. J’avais littéralement hérité des dons de mon père en Chimie, puisque ça m’y faisait énormément penser. Bref, j’étais partie. De loin, j’entendais qu’on me râlait dessus qu’il ne fallait pas courir. Trop tard, j’étais déjà dehors et je dévalais les escaliers. Il ne m’avait pas fallu longtemps pour atteindre le hall d’entrée et j’avais continué à courir, rejoignant l’extérieur.
Il faisait plutôt froid. Le mois d’octobre était déjà bien avancé, et les nuages recouvraient encore le ciel. Nous avions enfin une journée de répit après plusieurs jours de pluie. Le sol était encore humide, je ralentis donc le pas. Je n’avais pas envie de tomber, pas maintenant. Il était hors de question que je me casse une jambe maintenant. Déjà, je n’aimais pas être malade, ou blessée. Les gens vous prennent pour des handicapés, et s’imaginent que vous n’êtes plus capables de vous débrouiller seuls. Ce n’est pas le cas, même si je ne dirais pas non à être chouchoutée. Et je n’aime pas l’infirmerie, et les hôpitaux en général. Je trouve ça glauque. Autant dire que même étant une Gryffondor, j’évite d’y mettre les pieds. Courageuse mais pas téméraire. Aucune honte. C’était ce que j’étais, et je n’allais pas changer pour faire plaisir aux autres.
J’atteignais enfin le stade de Quidditch. Il ne me restait qu’à monter en haut des gradins, et je serais en place pour regarder l’entrainement. Je grimpai donc les escaliers deux par deux, et finis par ressortir. J’y étais enfin. Je pris place en plein milieu des gradins, profitant d’être seule pour étaler mes affaires. Vu que personne n’était encore sur le terrain, j’allais profiter de ces quelques instants pour continuer mon devoir. Au bout de dix minutes, les joueurs de Gryffondor pointaient le bout de leur nez sur le stade. Je rangeai mes affaires très vite, et me concentrai sur l’entrainement. Les joueurs virevoltaient dans les airs, sur leurs balais. Le souafle volait entre les mains des poursuiveurs qui parcouraient le terrain, cherchant à atteindre les anneaux dorés, protégés par le gardien de l’équipe. Les cognards pourchassaient les batteurs qui les renvoyaient dans la direction opposée, ou sur leurs amis pour les entrainer à éviter ces balles furieuses, adeptes de violence. Plus discret, le vif d’or se cachait, et l’attrapeur s’amusait à le chercher en reproduisant différentes figures. Lorsqu’il repéra la petite balle dorée, il fonça sur elle, tentant de l’attraper. La vitesse faisait voler ses cheveux, comme si un grand coup de vent venait de frapper.
Mais mes yeux étaient accaparés par Sirius. Comme à chaque fois, je ne voyais que lui. Le vent dans ses cheveux qui dégageait son regard, ses muscles qui se bandaient lors des actions… Tout ce qui faisait de lui un sportif était là. Un sportif merveilleusement beau. Et sexy. J’étais comme en transe, je n’arrivais pas à le quitter des yeux. C’était un rêve éveillé. Les entrainements de Quidditch étaient le moment où je pouvais l’admirer le mieux, sans avoir à me reprocher quoi que ce soit. Certes, j’étais sa fan numéro un, mais j’avais un léger sentiment de malaise quand on me surprenait à regarder Sirius lors des cours ou dans la grande salle par exemple. Là, au moins, c’était totalement justifié. L’entrainement dura au moins une bonne heure, pendant laquelle je profitais de la vue.
Le capitaine signala la fin de l’entrainement. Les joueurs se réunirent quelques minutes, discutant de ce qui était arrivé pendant l’heure. Un rapide bilan en quelque sorte. Puis tous s’éloignèrent, direction la porte des vestiaires, et je commençai donc à m’éloigner. Tous, vraiment ? Non. Je ne le vis qu’en dernière minute. Il fit un signe à ses coéquipiers, puis remonta sur son balai. Je souris. Sirius allait encore s’entrainer. Je fis volte-face. Il était hors de question que je parte maintenant. Sauf qu’il se dirigeait vers les gradins, pas vers le ciel et le terrain. Et plus exactement, il venait vers moi. Mon cœur loupa un battement. Vers moi. J’allais passer du temps seule avec lui sans avoir à lui courir après. Oh mon dieu. C’était encore mieux qu’un rêve, c’était impossible d’y croire. Et ce stupide sourire qui ne quittait pas mon visage ! Oh mon dieu. Sirius pour moi toute seule. Oh-mon-dieu.