Affaires de Famille { Pv Mymy ♥ / Elise }

Elle ne s'attendait pas à avoir de la visite ce soir. Elle était en train de finir d'étiqueter de petites fioles quand elle entendit une série de petits coups sur la porte. Elle jeta un regard rapide à l'entrée, puis aux potions, avant de ravaler un juron et de sortir sa baguette pour rapidement ranger le tout dans son placard. La voix de sa cousine s'éleva de l'autre côté de la porte alors qu'elle observait le reste de la pièce à l'affut de quelque chose qui clocherait et fit vite disparaître quelques parchemins compromettants. Elle prit alors la direction de la sortie, attrapant un livre au passage et l'ouvrant là où elle avait laissé un marque-page. Histoire de prétendre qu'elle était en train de lire et pas... autre chose. La voix de la jeune fille venant du couloir se fit entendre à nouveau et Myria ouvrit la porte pour voir le visage épuisé et légèrement effrayé de la blondinette. Elle lui demanda d'un ton inquiet :

« Elise ? Tout va bien ? » Enfin, pour qu'elle vienne ici, ce serait étonnant que sa visite soit sans motif. Et elle n'allait pas la laisser dans le couloir comme ça. Elle s'écarta pour laisser passer la Serpentard et ajouta : « Je t'en prie, entre. »

Myria referma la porte derrière la jeune fille, pas qu'un peu inquiète pour elle. Qu'est-ce qui l'avait mis dans cet état ? Elle s'approcha d'elle doucement, sans mouvement brusque. La voyant trembloter, elle agita sa baguette pour remettre une buche dans le feu qui n'était plus que quelques flammèches. Quand Elise mentionna sa peur du noir, elle lui adressa un sourire rassurant. C'était parfaitement normal, surtout dans un château comme Poudlard, avec ses portraits vivants et ses fantômes. Quant aux rumeurs... Elle ne savait que trop bien à quel point ça pouvait blesser. Elle avait passé toute sa scolarité à éviter, avec succès, le moindre scandale. Mais elle savait à quel point ça pouvait être épuisant. Elle fit la bise à sa cousine et la laissa s'installer.

« Tu ne me déranges pas du tout, c'est un plaisir d'avoir de la compagnie. Tu veux... » Elle réfléchit un moment. Ça paraissait un peu absurde mais ça l'aidait toujours à se sentir mieux. « Tu veux prendre Nimue sur tes genoux ? »

A la mention de son nom, le Fléreur releva la tête légèrement de là où il était perché, au dessus de la bibliothèque. Le regard de la créature se porta sur sa propriétaire puis sur l'invitée, comme si elle avait compris la question. Quelle idée, bien sûr qu'elle avait compris. Ces animaux étaient parmi les plus intelligents. Elise embraya sur le sujet de sa vie sentimentale et Myria sourit légèrement. Elle n'allait pas lui mettre ses affaires personnelles sur le dos, mais en parler un peu ne pouvait pas faire de mal. Surtout si ça changeait un peu les idées de la jeune fille.

« Pas vraiment. Enfin si, j'ai reçu une lettre l'autre jour. Un admirateur ? Je ne sais pas vraiment. Il avait l'air décidé à parler à mon père. On verra bien je suppose. » Elle haussa les épaules sur la fin, pas trop sûre de quoi en penser.

Nimue fit son chemin d'elle-même jusqu'aux genoux d'Elise, pas mécontente d'être installée sur quelque chose de chaud et qui faisait des câlins. Une fois la petite boule ronronnante dans l'équation, la situation semblait déjà un peu plus relaxée. Son chaton avait un don pour ça. Et le changement de sujet aida aussi, beaucoup. Visiblement, les ragots ne la dérangeaient pas trop quand ils ne se portaient pas sur elle, mais Myria avait la grâce de ne pas le faire remarquer. En s'asseyant à côté de sa cousine, elle tenta de retenir les questions pour pouvoir y répondre, mais ça ne sortit pas trop dans l'ordre.

« Bien sûr que c'est un sang-pur. Tu imagines la tête de mes parents ? De grand-père ? Sinon... Je pense que tu as dû le connaître pendant un an, quand il était encore à Poudlard. C'est un des Andrews, il s'appelle Raphaël. Apparemment, il travaille au Ministère, enfin c'était de là que la lettre venait. Et si il est beau... Je ne me souviens plus du tout de ce à quoi il ressemble. Après, Félicia est plutôt jolie, je suppose qu'il ne doit pas être complètement laid. »

Elle avait terminé sa tirade en plaisantant. Mais elle n'arrivait honnêtement pas à conjurer une image dans sa tête. Peut-être qu'Elise s'en souvenait ? Elle n'avait pas été soigneusement évitée par le jeune homme, elle. Elle se demandait si elle devait lui montrer ou pas la lettre, est-ce que ça se faisait dans ce genre de cas ? Quand la blonde poursuivit avec son propre futur, Myria tourna la tête vers elle et demanda d'une voix douce et rassurante :

« Qu'est-ce qui te fait dire ça ? Tu es encore jeune. »

Visiblement, Élise avait les mêmes idées ridicules de romantisme que le jeune homme qui lui avait écrit. Et elle le trouvait beau. Bon, elle supposait que c'était plutôt une bonne nouvelle ? Que sa cousine ne l'aime pas, elle ne savait pas quoi en penser. Était-ce juste à la suite d'une histoire de cœur ou est-ce qu'il avait des défauts de caractère le rendant insupportable ? Elle supposait qu'elle le saurait quand elle le verrait. Ou reverrait, puisqu'elle avait sans doute déjà posé les yeux sur lui, à un moment ou un autre. Elle rit un peu à la remarque sur Sirius, plus parce que c'était facile et de bon ton parmi les Serpentards que parce qu'elle trouvait qu'il le méritait. Mais du coup, que son physique ait marqué la blondinette comme ça, elle se mit à s'imaginer à quoi il pouvait bien ressembler.

Le sujet suivant était, de loin, moins amusant. Myria avait demandé à le jeune fille pourquoi elle pensait qu'on allait la fiancer. Bien qu'elle n'ait pas trop d'illusions romantiques, elle comprenait bien que l'adolescente n'ait pas envie de se piéger dans un mariage sans amour. Elle voulait la rassurer autant que possible, sans lui mentir pour autant, parce que ça ne servirait à rien. Quand elle se mit à pleurer, elle la prit dans ses bras et caressa ses cheveux doucement, pour l'aider à se calmer. Sans relâcher son étreinte, elle lui dit de la voix la plus apaisante possible :

« Je suis certaine que tu te trouveras quelqu'un de bien. Et si tu vois que ça devient plus sérieux que juste des discussions... Viens m'en parler, d'accord ? Je pourrais tenter de reporter ça autant que possible. Du moins jusqu'à ce que tu trouves un bon parti toi-même. » Elle fit une petite pause, se demandant si c'était vraiment possible. Oui, sans doute, après tout, elle avait réussi à convaincre ses parents qu'une carrière serait une excellente idée pour elle et sa famille, et n'avait pas eu de sérieuse discussion sur son état marital avant cet été. « Et si tu veux parler de quoi que ce soit d'autre, tu sais où me trouver. Que ça soit ici ou à la bibliothèque. »

Le vieux chef de famille était... un peu effrayant. Et souvent grognon. Et autoritaire. Ça n'empêchait pas que Myria était bien plus... Conventionnelle que d'autres membres de la famille. Elle avait eut des bons résultats scolaires, prenait régulièrement le thé avec les dames de la famille, dont sa grand-mère, s'habillait de manière traditionnelle, surtout quand elle allait voir ses aînés. Elle paraissait parfois "ennuyeuse" aux yeux des sorciers plus modernes de son âge, mais elle savait que ses parents étaient fiers d'elle. Elle était certaine qu'elle pourrait influencer le vieil homme, même si elle devait passer pas sa femme pour ce faire. Mais qu'il ne veuille pas la voir ? Elle se demandait ce qui faisait dire ça à la jeune fille. Ce n'était pas le moment de lui demander. L'important, c'était de rassurer sa cousine, le câlin semblait fonctionner au moins. Elle lui répondit, toujours en la tenant dans ses bras, faisant attention à ne pas manger ses cheveux :

« J'ai mes techniques, ne t'en fais pas. »

Quand elle fut un peu mieux, Elise la relâcha et Myria s'écarta un peu, lui offrant un sourire un peu maternel. Elle écouta les inquiétudes de la blondinette. Elle était encore si jeune... Elle espérait un prince charmant et elle ne pouvait pas la blâmer. Mais comment lui faire comprendre qu'un mari gentil avec lequel elle s'entende bien serait déjà vraiment pas mal, même si elle n'en était pas amoureuse ?

« C'est sûr que ça serait mal pris. Si on en vient à ça, tu pourras toujours venir me parler, d'accord ? Tu es ma cousine et qui tu aimes ne changera pas ça. » Elle prit une petite respiration, arrangeant de son mieux les mots dans sa tête avant de poursuivre. « Mais après... Ce ne sont pas leurs affaires, qui tu préfères, non ? Ce que je voulais dire, c'est que tu peux garder tes histoires de cœur pour toi et épouser... Quelqu'un de correct, qui soit compréhensif et qui te traite bien. Et si ça se trouve, les deux seront la même personne. Peut-être pas, mais c'est pas impossible. Et ça serait mieux que d'être mariée à une brute. »  

Alors elle savait déjà de qui il s'agissait ? Myria réfléchit un peu, elle connaissait un peu le garçon. Il était plutôt réservé, mais elle trouvait que c'était une qualité, et elle n'avait pas trop eu à le réprimander quand elle était préfète. Et puis, il était plutôt joli garçon. C'était dommage qu'Elise pensait ne pas plaire à son fiancé quand, malgré sa constitution, elle était très jolie, plutôt du genre poupée de porcelaine que femme fatale, mais l'aînée ne doutait pas que ça devait plaire aussi. En plus, elle était encore jeune et elle s'embellirait sans doute encore en grandissant.

« De mon expérience, si ça se trouve il t'adore et il est trop timide pour t'approcher. Tu es une très belle jeune fille, fine et élégante. Tu sais... Raphaël faisait pareil quand il était à Poudlard, il ne me parlait jamais vraiment et me regardait de loin... Du coup, je ne perdrais pas espoir si j'étais toi. »

Elle lui offrit un sourire rassurant. Elle comprenait, vraiment. C'était une situation terrifiante et qui pouvait vraiment mal tourner avec un peu de malchance. Mais il ne fallait pas perdre espoir pour autant et elle ne voulait pas qu'Elise soit déprimée à cause de ça. Et surtout, elle voulait qu'elle puisse se confier à quelqu'un. Même si... Myria n'était sans doute pas la meilleure pour le sujet que sa cousine venait d'aborder. Elle fronça un peu les sourcils et réfléchit un peu avant de répondre honnêtement :

« Je ne pense pas être la personne idéale pour te renseigner à ce sujet. Ça ne m'est jamais arrivé donc... Voilà. Je ne sais pas trop. » Une petite pause. « Mais je pourrais essayer de me renseigner si tu veux. » Ça serait un peu gênant, mais si le sujet touchait tellement la blondinette, elle était prête à faire des recherches.