Le monstre du placard [Eden&Jørgen]

Je me suis couché tôt ce soir, sans doute qu'inconsciemment je préférais encore dormir plutôt que de subir les effets de la faim qui se jouait de moi. Me pressant l'estomac comme on presse une vulgaire orange… Pourtant dans la nuit un bruit me réveilla, pas de sursaut ou de hurlements d'horreur, simplement mes yeux qui s'ouvrirent en grand, en alerte, prêt à cerner le moindre mouvement dans l'ombre de ma chambre mais rien… pas même dans les recoins. Il faut dire que je n'y vois pas grand chose en même temps dans le noir, je ne suis pas comme dit on déjà ? Une salope un truc du genre…

Les réveils en pleine nuit, je dois avouer que cela m'arrivait souvent ces derniers temps, l'impression d'être observer, ce qui pour le coup n'était plus vraiment qu'une simple impression. Je savais que Dumbledore derrière son sourire amical, devait probablement redoubler d'effort pour découvrir quelques secrets sur mon compte. Mais je ne risquais rien, il ne se doutait probablement pas que cette histoire de vieillissement ralenti n'était qu'une piste sans issue. La Confrérie était à l'abri et elle aurait probablement encore pas mal de beaux jours devant elle.

De toute façon sur le moment il ne s'agissait pas du vieux directeur, il avait beau être un fouineur rusé de première, il n'irait pas jusqu'à se glisser dans ma chambre sans permission, non tout ça n'était probablement qu'une sale impression, peut être l'angoisse de voir l'heure des sept approcher à grand pas...
Mes doigts se resserrent autour de ma baguette et d'un geste fluide j'allume la bougie qui se trouve à côté de mon lit. Je préfére cette petite flamme non agressive plutôt que le bon vieux sort lumos qui m'aurait sans doute arraché la rétine avec sa puissante lumière. Lentement, je m'approche de la fenêtre et l'inspecte pour réaliser qu'elle est fermée…

« J'aurais pourtant juré l'avoir laissé ouverte... »

Je hausse les épaules en regardant les astres, la lune est rousse ce soir, mais ce n'est pas notre lune… ce n'est pas la bonne, il faudra attendre encore dans ce cas. Il faudra que je m'entretienne avec Sahel d'ailleurs, elle doit savoir pas mal de choses en tant qu'auror… je me demande si le ministère a pris des mesures depuis l'annonce du retour de la Confrérie.

Je pousse un long soupir, me mettant dos à la fenêtre je scrute la pièce dans toute sa longueur. Un lit deux places avec une table de nuit de chaque côté, deux grandes armoires et deux bibliothèques remplies de livres et de bibelots anciens sans réelle valeur. Un bureau, une chaise d'un côté et deux de l'autre, quelques livres posés dessus avec un encrier… et dans le fond, l'imposante statue sculptée par un enchanteur du nom de Griswalder il y a quarante ans. Cernunos… un dieu gaulois. Je n'étais pas spécialement fan des dieux et tout ça, mais les peintures le représentant étaient tellement belle que j'en avais fait faire une statue. Un corps d'homme musclé légèrement recouvert par des fourrures de bêtes, un visage presque elfique avec ses peintures de guerre et sur la tête, les bois d'un cerf, la couronne du dieu. Je le trouve magnifique et effrayant à la fois, il serait ma plus grande peur certainement s'il n'y avait pas eu… cette autre peur.

Mon regard finit par percevoir un recoin un peu plus sombre que les autres où la lumière de la bougie ne semble même pas pouvoir aller. Je plisse les yeux pour tenter d'identifier le moindre mouvement...

Ce n’était rien de plus qu’une énième soirée ressemblant a toutes les autres. La lune était pleine et rouge et son plus fidèle compagnon battait la campagne ou la forêt à la recherche d’une proie ou de plusieurs. Nul doute que sa fille et leur protégée ne mettraient pas les pieds dehors ce soir… Nul doute aussi qu’il y’aurait peut être du sang glissant le long des escaliers de Poudlard si un stupide eleve osait trainer la où il ne fallait pas. Il s’en fichait. Le simple fait qu’il refuse de rejoindre les mangemorts ne faisait pas de lui quelqu’un de gentil, Eden la vampire, Eden l’Orgueilleux membre de la Confrérie, Eden, la plus vieille personne passant en ce moment en Angleterre, était tout au plus quelqu’un de neutre qui avait vu bien trop de guerre pour accepter encore une fois de prendre parti. Sa famille était son parti, c’était largement suffisant.

Quoi qu’il en soit, ce soir il lui fallait aller aux nouvelles auprès d’autres personnes de la confrérie. A ce qu’il avait entendu les Mangemorts tentaient de se renseigner sur eux, et ils n’étaient pas les seuls. Dumbledore aussi, et peut être que les autorités moldues s’en mêlaient également. Ca ne lui plaisait pas vraiment, le faisant presque grogner tandis qu’il gravissait avec sa discrétion usuelle les marches de Poudlard. Ces escaliers qu’il n’avait jamais arpenté en tant qu’eleve, il lui arrivait quelques fois de les arpenter en tant qu’adulte. En tant qu’intrus discret.

[…]

Quelques minutes passèrent, et alors qu’une lueur se fit dans la pièce emplie de bibelots, il tapa à la vitre. Que faisait Jørgen, ou que cherchait il à cette heure sombre ? Avait il aperçu quelque chose à manger ? Un ennemi ? La curiosité traversa les traits du vampire androgyne, alors qu’il donna un nouveau coup à la vitre, espérant que son compagnon ne l’entende. Sinon, il la casserait. Avec discrétion probablement. Mais il la casserait. Il était d’ailleurs étrange que cette fenêtre qui d’habitude était souvent ouverte, soit close. Qui sait… Un intrus se cachait peut être aussi dans la pièce. Une grande réunion ? Ou bien était-ce juste le froid glacial qu’il ne sentait même pas. La troisième fois qu’il tapa à la vitre son coup se fit plus fort.

Visiblement je m'inquiète pour rien, il n'y a rien de le coin mais je préfère voir de plus prêt pour en être sûr. Il m'est déjà arrivé de me retrouver avec un lutin de Cornouaille échappé de la cage du professeur de défense contre les forces du mal… il s'agirait donc de ne pas se retrouver dans la même situation. C'est quand même très angoissant de poursuivre un lutin dans les couloirs alors qu'il vient de nous piquer un caleçon. Mais qu'importe là n'est pas la question, quelqu'un donne des coups à ma fenêtre, ça fait plusieurs fois qu'il frappe mais ma concentration étant focalisé sur le recoin un peu sombre m'empêche de le réaliser de suite.

Finalement je me dirige vers la fenêtre, je ne suis pas inquiet, ni surpris, je connais l'identité de la seule personne capable de passer par ce côté là. Etre vampire a du bon, c'est pratique pour s'introduire chez les gens, mais selon moi il y a trop d'inconvénients. Enfin bon j'ouvre à Eden, je ne voudrais pas qu'il m'en veuille pour avoir été trop long en le faisant attendre. Mais je suis content d'avoir de la visite, je n'irais pas jusqu'à dire que c'est rare mais…

« Bonsoir Eden, entres ne te gêne pas ! »

Je ne sais pas vraiment ce qu'il est venu faire ici, mais je me doute qu'il cherche des informations sur le climat qui règne à Poudlard ou quelque chose comme ça. Eden est probablement le membre qui incarne le mieux la Confrérie et je ne dis pas ça parce qu'il est le plus vieux.
Je passe une chemise histoire d'avoir quelque chose sur le dos sans pour autant la boutonner, ça servirait pas à grand chose de toute façon. Je finis par m'asseoir en tailleur sur le lit, invitant Eden à s'asseoir où il voulait, après tout, Eden pourrait bien faire ce que bon lui semble j'aurais du mal à lui dire quoi que ce soit.

Question de respect peut être, ou de mystère. Il est la personne la plus étrange que j'ai jamais vu mis à part peut être vous savez qui… mais lui c'est une autre façon d'être étrange. Oui on peut dire moche aussi mais bref je me perds.

« Tu as eu des nouvelles des autres ? Si tu voulais voir Hans, il n'est pas là ce soir mais il n'est pas très difficile à trouver ceci dit. »

Un sourire en coin, Eden avait eu de la chance ceci dit, Adam non plus n'était pas dans ma chambre ce soir, cela aurait pu être assez… hum dérangeant pour le vampire. Il aurait été obligé de revenir un autre jour.

« Comment ça se passe de ton côté ? »

Et tandis que Jørgen se leva s’approchant de la fenêtre, un léger sourire se glissa sur les lèvres du vampire qui regarda son compagnon lui ouvrir. Compagnon était un bien grand mot, mais Jørgen était l’une des personnes de la confrérie qu’il tolérait assez. On pouvait même dire qu’il l’appréciait dans un sens, ce qui n’était pas vraiment déplaisant. Avoir des amis était un concept beaucoup trop lointain pour ça. Mais Skoll veillait sur sa clique tout comme Eden veillait sur la sienne, et c’était quelque chose qui pouvait se comprendre. Quoi qu’il en soit, la fenêtre ouverte il s’inséra dans la chambre avec une vitesse digne d’un vampire, et épousseta quelques peu la poussière qui recouvrait ses mains. Les elfes de maisons devraient faire les vitres plus souvent. Mais soit.

« Je te remercie. »

Un peu ampoulé dans sa voix le vampire, mais il y’avait des choses qui ne changeraient pas. Doucement ainsi, il s’appuya contre un petit meuble, pile en face du lit sur le quel Jørgen s’était assis après avoir mis une chemise. Pas que ça ne le dérange, la nudité. Il avait déjà vu tant et tant de choses… Que plus rien ne lui faisait vraiment effet. Mais soit.

La question fusa. Tandis que lui cherchait à prendre son temps pour évoquer les sujets. Gourmandise était un peu comme un chien fou. Plus jeune que lui, bien plus jeune que lui peut être. Et un sourcil se dressa sur le doux visage de l’androgyne.

« Pourquoi aurais-je voulu trouver Hans? » C’était une question… Relative ? Ce n’était pas que le vampire se fichait des autres membres de la confrérie. Mais en réalité. Peut être un peu. Et ainsi… Ainsi, il. Enfin, il aurait une explication. Probablement.

« A vrai dire je voulais juste savoir comment se passaient les choses à Poudlard. L’année commence à peine, et avec les autres en ville, les choses risquent de devenir d’avantage agitées. » D’avantage violentes pour tout dire. Et il espérait vraiment que personne ne soit assez fou pour s’en prendre à Poudlard. Colère, Envie, et Luxure n’étaient pas les meilleures personnes dont l’on puisse rêver…. Quand aux autres ? Hans était encore tout jeune… Et Paresse n’était pas bien utile.

Le vampire soupira un peu. Perdant son regard dans le vide. « Les choses vont. Ainsi qu’elles doivent aller. Qu’en est il pour toi? »

Eden avait toujours été le plus discret d'entre nous, il n'était pas du genre à faire en sorte que les autres remarque sa présence et au fond c'était peut être lui qui avait raison. Je l'avais joué autrement personnellement, j'étais dans la lumière, en pleine lumière je dirais même, mais je jouais bien mon jeu de niais… il le fallait bien puisqu'on m'avait dans le collimateur.

« Excuses moi… comme Hans dort ici de temps en temps, j'ai cru que tu voulais le voir pour x raisons. »

Je poussais un soupir en continuant de boutonner ma chemise. Nous étions face à face et le regard pénétrant d'Eden me fit sourire. Il était vraiment sérieux peut être un peu trop ? Hum allez savoir avec une Confrérie aussi déjantée que la notre il fallait bien quelqu'un pour canaliser tout ça. Bon évidemment il n'était pas notre chef, mais pour moi c'était tout comme, il était le plus âgé d'entre nous et probablement le plus sage, donc la majorité du temps je l'écoutais. Evidemment si je devais choisir entre lui et mes disciples, il n'y aurait pas photo.

« Hum… je dois avouer que c'est un peu le bordel. Dumbledore ne me quitte pas d'une semelle, j'ai beaucoup de mal à passer outre sa surveillance pour arriver à m'entretenir avec la Confrérie au complet. Tu vas peut être me dire que je suis parano, mais ce vieux directeur est vraiment très intelligent, je préfère être le plus prudent possible. »

Mais c'est vrai qu'avec la proximité de certains membres de la Confrérie, il devenait difficile de rester discret. Tout le monde savait pour notre retour et si nos identités étaient encore inconnues, je doutais que cela puisse continuer bien longtemps si on ne changeait pas de comportement. Pour le moment je maintenais Dumbledore sur une fausse piste en raison de ma longévité, mais le connaissant, il continuerait de fouiller sans que personne ne le remarque.

« L'essentiel c'est que l'on puisse protéger les nôtres tout en accomplissant notre destin. En ce qui me concerne, mis à part cette impression d'être épié, je vais plutôt bien. Je tente toujours de contrôler mon appétit mais c'est de plus en plus difficile. J'ai failli me jeter sur un élève pour le manger l'autre jour… si seulement j'avais encore de cette potion qu'elle m'avait passé dans ma jeunesse... »

Même si il appréciait Jørgen, il lui fallait reconnaitre que parfois il était bizarre. Comme sur le moment, pourquoi parlait il de Hans ? L’un des plus récents membres de la confrérie, qui n’était pas vraiment une menace… Quelles affaires aurait bien pu lui vouloir Eden ? Non, décidément Gourmandise n’était pas très clair dans ses propos, mais le vieux vampire mettrait cela sur le compte de la fatigue, ou du fait qu’il venait de se réveiller.

« Ca ne me dit pas pour quelles raisons j’aurais voulu le voir. » Le jeune bibliothécaire s’imaginait il qu’Eden et Hans avaient une relation secrete ? Ou quoi que ce soit ? Pour un peu Eden aurait perdu patience, si il n’avait pas été aussi calme bien sur. Les reflexions stupides l’iritaient voila tout. Il choisit cependant de ne pas épiloguer; passant directement aux raisons de sa présence ici à Poudlard. Ce qui n’était pas tant de l’inquiétude, mais plutôt… de l’intérêt. En tout cas, il entendait l’inquiétude de Jørgen vis à vis de Dumbledore, et il secouâ un peu la tête.

« Dumbledore ne sera jamais réellement un problème, tant qu’il n’arrive rien aux élèves. » Mise en garde peut être. Qui malheureusement s’avererait bien utile dans les jours à venir. Car si ils pouvaient oeuvrer pour leurs sacrifices dans Pré Au Lard, des eleves ne tarderaient pas à être les pauvres victimes innocentes de la masse de violence qui s’abattait. D’autant plus que des disciples étaient parmis les élèves en questions.

Quelque chose sur l’heure semblait également inquiétant, l’appétit vorace de Jørgen, qui fit plisser les yeux du vampire. « Nous pourrions tenter d’en retrouver. Elle avait un laboratoire caché où elle expérimentait nombre de choses, peut être reste t’il des traces de cette potion, ou bien une recette. » Et même si c’était rare, il était prêt à l’aider, pour protéger les élèves. Et aussi parce qu’au fond, il l’appréciait un peu.

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