SALEM&ALEKSEÏ ▬ They might as well be dead, if the rain comes, if the rain comes ... »

Il pleuvait et malgré l’heure matinale, les rues de Pré-au-Lard étaient déjà bien animées … Le ciel était d’un gris cotonneux, et sur chaque vitrine des différentes boutiques, les gouttelettes de pluie sillonnaient le verre. Je marchais, le regard hagard, le pas hasardeux, sans de quoi me protéger la tête. Mes cheveux ruisselaient sur mes épaules. Je n’étais vêtue que d’un jean, troué par-ci par-là, et d’un haut blanc, façon moldu. J’avais bien une cape sur mes épaules, mais je ne rabattais pas la capuche sur ma tête. Le vent n’était pas très fort, mais suffisant pour faire voler mes cheveux emmêlés.  Cette nuit encore, impossible de fermer l’œil. Ça devait se voir, sur mon visage. Mes cernes devaient être … remarquables. Je m’arrêtai un instant, regardant tout autour de moi. Cinq ans. Cinq ans que l’ironie de la vie m’avait fait atterrir ici, à Londres. Cinq ans que je n’étais plus la petite fille parfaite dont rêvaient mes parents. Non. Il ne fallait pas que je pense à eux. Il ne fallait plus. Soufflant sur mes mains, mains au préalable jointes pour les réchauffer un peu, je me remis en marche. J’errais, comme toujours. L’errance était devenue mon seul but. Bien que grâce à Eden j’ai trouvé de quoi vivre … Peut-on vraiment se dire qu’errer est un but à part entière ? Certains veulent devenir aurors, d’autres mangemorts. Mais moi, je ne veux qu’errer au gré de mes pensées. Etait-ce si mal ? L’errance, c’était la source de ma souffrance, tout comme le seul réel réconfort.

Je secouais la tête, quelques mèches blondes tombant sur mes yeux. Et puis je fis demi-tour. Voilà. Demi-tour. Je ne travaillais pas maintenant. Je n’avais rien à faire. À part passer les heures à venir à me morfondre. Je n’aimais pas me morfondre. Pas devant les gens en tout cas. C’était sûrement pour cela que ce petit sourire était toujours présent sur mes lèvres. Faire la forte, être brisée. Faire la forte, être déchirée. Faire la forte, être déboussolée. Faire la forte, se sentir coupable. J’étais coupable de tellement de choses. Tant de choses que j’avais sur le cœur …
Et puis dans ma maladresse, dans mon inattention, je percutai une jeune femme. Je clignai des yeux et m’arracha de ma rêverie, de ce moment d’absence durant lequel j’avais parcouru une quinzaine de mètres. Je la contemplai un instant, avant de me rendre compte que je la connaissais. J’ouvris la bouche, puis la refermai. J’allais commencer par m’excuser, puis par la saluer. « Oh, pardon. Heum, bonjour, Salem. ». Je n’arrivais pas a enlever ce fort accent Russe dans mes paroles. On m’avait déjà dit que c’était joli. Moi, je n’aimais pas. Ça me rappelait trop de choses ...

Elle avait semblé toute secouée. Mais pourtant, elle ne m’avait pas incendié comme l’aurais fait n’importe qui d’autre. Non, elle m’avait même demandé si je ne m’étais pas fais mal. Alors je lui offris un petit sourire gêné. Salem était une femme d’une rare douceur et d’une naïveté bien présente. Je l’avais déjà remarqué la première fois que je l’avais vu. Mais ce sentiment n’avait que croître à mesure que le temps passait. « Je suis désolée, je ne regardais pas où j’allais … ». Ouais, c’était bien mon genre ça, marcher sans regarder où je posais les pieds. La voix de Salem s’éleva à nouveau, et je la regardai, amusée. J’étais toute mouillée. Oui, c’était normal, je suppose, puisque qu’il avait de la pluie. Et la pluie, ça mouille. Mon sourire ne put que s’élargir et je me contentai de lui répondre : « Toi aussi. »

Etrangement, Salem m’avait ôté ce poids qui pesait sur mes épaules en une simple petite phrase. J’oubliai mon père et la Russie pour quelques minutes, pourquoi pas des heures, durant lesquelles je discuterais avec elle. J’oubliai Alix, le petit garçon de cette fameuse nuit. J’oubliai Durmstrang. J’oubliai que jamais je n’oublierais tout ça.
J’observai son visage. La pluie l’avait ôté, mais je la devinais finement maquillée. Ses cheveux blonds, longs et ondulés étaient tout aussi mouillés que les miens. C’est comme si nous avions prit une grande douche toute habillées. Le ciel nous pleurait dessus et j’espérais que ça continue. J’espérais que ça continue, parce que j’aimais sentir les gouttes glisser dans mon cou, tomber sur mon visage, humidifier mes cheveux. « Comment tu vas ? » Elle semblait se porter à merveilles. Et j’aurais aimé être un peu plus originale. Vraiment … mais comment dire, j’étais allée au plus simple. Je mordillais mes lèvres, jouant avec le bout de ma chaussure dans une flaque d’eau. Ploc ploc ploc. C’était rigolo.

Poudlard ? Ah oui. Salem était professeur. Professeur d’étude des moldus si mes souvenirs étaient exacts. Un cours, si j’avais été à Poudlard, que je n’aurais jamais eu le droit de suivre. Bah oui, pour mes parents, les moldus, c’était … beurk. Et ce n’était pas question que leur si jolie petite fille se prenne d’affection pour ces créatures, pourtant tellement semblables aux sorciers. À part le fait qu’ils n’aient pas de pouvoirs, qu’ils ne transplanent pas, ils ressentaient exactement la même chose que nous autres, sorciers. La tristesse, la joie, la peur, l’allégresse, l’anxiété, le bien-être … tout ce qui nous faisais nous sentir … humains ? Je secouais un peu la tête, m’étant de nouveau perdue dans mes pensées. Je n’aurais pas aimé avoir un moment d’absence en pleine discussion, bien que ça m’arrivais … fréquemment.  « Oui, ça va. » Si on excluait le fait que je ne dormais plus. Bon, ok mes insomnies étaient fréquentes, et ce, depuis cinq longues années maintenant. Ça allait pour pleins d’autres choses : Mon travail était génial. Oui, j’aimais bien vendre les bonbons, être au contact de certaines personnes, tester parfois les bonbons (héhé, un des privilèges de travailler chez Honeydukes !). Enfin bon bref. Dans l’ensemble, ça allait.

Je cessai de jouer avec la flaque d’eau pour regarder Salem à nouveau. Aux yeux des passants, on devait passer pour deux idiotes, à se regarder, à sourire bêtement, la tête non couverte. Et pourtant, j’n’étais aucunement gênée par cela. Au contraire, j’étais plutôt contente d’être plantée là. « Tu es toujours très … jolie. » C’était comme ça qu’il fallait le dire ? J’aurais sûrement du dire « belle ». Mais jolie, c’était très bien. Ça lui allait bien. Parce que Salem était jolie. Malgré la pluie.

Je m’étais peut-être mal exprimée. Salem avait rougit jusqu’aux oreilles. Peut-être que je l’avais gênée ? Je … je ne savais pas. Elle ne sembla pas prendre mon compliment -car oui, c’était un compliment- trop mal. De toute façon, pourquoi l’aurait-elle mal prit ? Il n’y avait aucune raison qu’elle se sente vexée, bien au contraire … c’était le but d’un compliment, il me semble. M’enfin bref, elle me remercia. Je lui souris de plus belle. La pluie continuait de tomber, avec un flic-flac régulier. C’était calme, presque reposant. Elle me retourna le compliment. Oui, j’utilisais beaucoup de fois le mot « compliment ». Enfin bref … Mon sourire s’agrandit. Encore. Les gens allaient finir par se demander si je n’avais pas une crampe a force de sourire.

Sa main vint ôter une mèche de cheveux de mon visage. Je ne bronchai pas, continuant de la regarder. J’aurais pu rougir moi aussi, parce que c’était … agréable comme contact. Mais je n’avais pas rougis. Je ne savais plus comment on rougissait, de toute façon. C’était beau sur les autres, lorsque leurs visages prenaient une jolie couleur rosée. Lorsqu’ils baissaient les yeux, cherchant le réconfort de leurs bouts de chaussures. Mais moi, je ne savais pas vraiment réagir comme ça. Ce devrait pour ça qu’Elle m’avait quittée. Oh, n’en parlons plus, c’était loin tout ça. Très loin. La douce voix de la blonde en face de moi me tira de mes pensées. Encore. Ce devait-être la deuxième fois depuis le début de notre conversation.
Aller aux Trois-Balais ? ça ne me semblait pas être une mauvaise idée. Et puis je n’y avais pas réfléchis, mais si on tombait malades à force de rester là, sous la pluie, ce serait … dommage. J’hochai donc la tête, lui répondant d’une voix tintée de ce foutu accent Russe. « Oui, viens. On va attraper froid. » Et puis, je pourrais passer un petit moment avec elle. Discuter de tout, de rien. Alors oui, je voulais aller aux Trois Balais. J’attrapai sa main. Peut-être que ce n’était pas vraiment ce qui est était attendu dans l’instant … ? J’avais saisi sa main pour l’entraîner vers le bar. Mais je la lâchais du coup. Maladroite. Oui, j’étais maladroite. « Heu … je te suis. » Pas que je ne connaissais pas Pré-au-Lard. Mais … Voilà.

Salem avait attrapé ma main. Alors que moi j’avais délibérément lâché la sienne. Elle semblait … oh qu’importais, c’était juste une main dans une autre. Bien que ce soit nos mains. C’était agréable comme contact, presque enfantin. Deux amies, marchant côtes à côtes. Etait-ce vraiment notre cas ? Etions-nous deux amies côtes à côtes ? La jolie blonde à mes côtés avait tout de l’amie parfaite. Elle était ce qu’elle était, une personne adorable. Elle voyait le bien chez les gens, même lorsqu’il ne fallait pas forcément en voir. C’était une qualité, autant qu’un défaut. Vous savez, le genre de chose dont on ne se lasse jamais chez les autres … Et je la suivais donc. Pré-au-Lard et ses boutiques ne m’était plus inconnus. Plus depuis longtemps. Cinq années. C’est long, cinq années. Sans que j’ai eu le temps de me rendre de quoi que ce soit, nous étions devant les Trois-Balais et elle m’ouvrait la porte comme le gentleman qu’elle était. Enfin, je me comprenais. Je lui souris, collai mes lèvres contre sa joue. Juste comme ça, furtivement. Un petit bisou rapide. Un petit bisou pour dire « merci ». Elle ne m’en voudrait pas ? Pas trop ? Je … je ne savais pas. J’avais essayée d’être tendre. Aussi tendre que je le pouvais. Si seulement la tendresse était comme l’idée que je m’en faisais, si la tendresse était douce et … et … timide ? Oui, si la tendresse était douce et timide, alors mon bisou était tendre.

Obéissante, j’allais nous trouver une petite table tranquille, dans un coin du bar. Et comme elle l’avait demandé, je prenais la table près du feu. Oui, ça nous réchaufferait, car n’oublions pas : Nous étions dégoulinantes d’eau de pluie. Salem était gentille. Aussi gentille que … que quelqu’un pouvait l’être. J’appuyais ma tête contre mon poing, l’attendant patiemment. Je marmonnai à moitié, chantonnant : « If the rain comes … if the rain comes … ». Et puis je m’imaginai, chevalier, devant secourir une princesse, gardée dans la plus haute, du plus haut château, du plus haut village, de la plus haute montagne, du plus haut … enfin bref, vous avez comprit. L’ennui, c’est que pour secourir ma belle, je devais battre un mangemort. Je sortis bien vite de mes pensées, voyant que Salem était revenue. Je pris ma boisson, lui souriant avec … gentillesse ? : « Merci, Salem. C’est gentil. » J’avais l’air toujours à des kilomètres de ce qui pouvait se passer. Pourtant, j’étais bien là. Ici. Avec une professeur d’étude des moldus.

Je relevai la tête, la remerciant. J’avais vraiment besoin de ce chocolat chaud. Oui, c’était une boisson habituellement consacrées aux moldus, mais j’adorais le goût sucré que ça avait. Et puis quand il était brûlant, j’adorais sentir cette étrange sensation contre mon palais. Salem me demanda si ça aller. Je mordillai alors ma lèvre inférieure. À force de partir dans mes pensées comme ça, j’allais finir par inquiéter mon entourage. Aussi, je lui offris un large sourire, après qu’elle m’ait demandé si je souhaitais en parler : « C’est gentil, mais ça va. T’en fais pas. ». Il ne fallait pas qu’elle s’en fasse. Tout allait bien. Tout devait aller bien. Et puis je n’étais pas le genre de femme qui racontait ce qu’elle avait sur le cœur, même si mon interlocutrice était une femme charmante et à n’en pas douter, digne de confiance. Je rangeai une mèche vagabonde derrière mon oreille, avant de prendre ma tasse à deux mains et d’observer la fumée s’élever du liquide. Ne pas se perdre dans ses pensées. Ne pas vagabonder et avoir l’air triste à nouveau. Ne pas inquiéter la jolie blonde en face de moi. Ne pas faire sa Alekseï.

La douce voix mélodieuse, parce que oui, elle était mélodieuse, de Salem me fit tourner la tête vers la vitre à ma gauche. La pluie continuait de battre le verre avec une rage folle. Je fermai les yeux un court instant, songeant à cette eau qui s’amusait à narguer Londres. Cette eau, que la plupart détestait, qui n’hésitait pas à venir troubler la quiétude des sorciers. Je rouvris les yeux, les bras couverts de frissons. « Moi aussi j’aime bien … » mon regard clair croisa à nouveau celui de la belle blonde et je lui offris un sourire. Un sourire simple, un sourire sincère, un sourire … heureux ? Ou presque. « Tu as raison, c’est apaisant. ». Il fallait que je lui dise autre chose. Que je trouve quelque chose à lui dire, histoire d’engager une petite conversation, histoire de … de ne pas laisser ce silence gênant prendre le dessus. « J’aime beaucoup la neige, aussi. » Et voilà. La météo était un sujet plutôt banal, mais … mais ça comblait la plupart des vides.

Je lui offris un nouveau sourire. Elle était si gentille. J’aurais aimé être comme elle. Pouvoir proposer une oreille attentive à mes fréquentations. Et quelles fréquentations … Je n’en avais pas tellement en fait. Elle était l’une des rares qui m’étaient proche. Vraiment l’une des rares. Alors je lui attrapai la main, dans un élan de gentillesse, un peu maladroit. Je ne décrochai pas un mot, mais tout, dans mon regard, dans mon sourire, semblait lui dire « merci ». C’est vrai que si je ne l’avais pas croisée elle, aujourd’hui, en ce jour pluvieux, je me serais sentie encore plus … triste ? Seule ? Ronchonne ? Ouais. Un truc comme ça. Alors de ma douceur maladroite, je lui serrais doucement la main. Et je ne voulais pas la lâcher. Ça se faisait entre amies, n’est-ce pas ? Oui, ça devait se faire … et puis quand bien même ça ne se faisait pas. Je l’aurais fais quand même.

Et puis elle me parlait de ski. Je n’avais aucune idée de ce qu’était le ski, mais je l’écoutais avec un sourire timide. Un sport qui se faisait dans la neige était forcément appréciable. Alors je hochais la tête doucement lorsqu’elle me parlait de prendre des vacances au ski. Et puis elle se trouvait pathétique l’instant d’après. Alors je secouai doucement ma tasse de chocolat chaud et lui répondit : « Je ne sais pas ce qu’est … le ski. Mais on pourrait … skier ensemble ? Ce serait rigolo. Non ? » Eh bien disons que si elle était pathétique, je n’étais pas beaucoup mieux. Je baissai les yeux vers ma tasse, mordillant mes lèvres. Je tenais toujours sa main. Il fallait peut-être que je la lâche … ?

Et on changeait de sujet. Honeydukes maintenant. Oui, ça se passait bien. C’était chouette de voir tout les curieux venir à la boutique. Certaines têtes m’étaient déjà familières, comme cette Luka à qui j’offrais parfois des sucreries gratuitement. J’hochai la tête. « C’est chouette. Disons que … je suis au contact des gens et … ça ne peut pas me faire de mal. » et je riai. Pas un rire franc, mais plutôt un petit rire, timide, maladroit. Comme elle. Comme moi.

Salem. Quand je voyais son sourire, je souriais aussi. Pas grandement, pas jusqu’aux oreilles. Mais je souriais. Un petit sourire, parfois à peine visible, parfois presque effacé. Mais un sourire quand même. Quand je voyais ses yeux qui rient, les miens riaient aussi. C’était quelque chose … d’agréable. Alors toutes les deux, main dans la main, yeux dans les yeux, à parler de tout, de rien … de ski. Je n’avais pas la moindre de ce qu’était le ski. J’imaginais les moldus, sur des balais qui ne décollai pas, de la neige jusqu’aux genoux, rire en se lançant une balle ressemblant au souaffle. J’imaginais tout ça, l’écoutant. C’était reposant d’écouter Salem. D’avoir sa main dans la mienne, sa main qui caressait doucement la mienne, c’était reposant. C’était … bien. J’avais envie de chasser toute cette tristesse qui m’accablait. Envie de faire fuir mon passé au galop, pour pouvoir profiter de cet instant.
Et voilà que je devenais poétique. Romantique. Je ne savais pas être romantique. Avec Donovan, je n’avais pas su l’être. Peut-être que le romantisme se contentait d’un sourire, d’un rire, d’un regard. Dans les romans, ils en faisaient toujours des tonnes. Pour moi, cet instant était romantique. Je fermai doucement les paupières, mordillant ma lèvre inférieure. Il fallait que j’arrête. Je n’étais peut-être pas douée en relations humaines. Mais je savais qu’entre amis, la romance n’avait pas lieu d’être.

Elle avait toujours aimé les sucreries. Alors je mettais dans un coin de ma tête l’idée de lui offrir un paquet de bonbons, la prochaine fois qu’on se verrait. Elle apprécierait non ? On appréciait toujours lorsqu’on nous offrait quelque chose. Et la pluie battait encore contre les vitres. L’orage même. Un grondement venait de se faire entendre, me relevant la tête. Je n’avais pas peur de l’orage. C’est la surprise qui m’avait fait réagir comme ça. Et je serrais un peu plus la main de la jolie blonde en face de moi. Nous étions … maladroites toutes les deux. Mais quelque chose dans cette maladresse me plaisait. Alors je soufflai, doucement : « J’aime bien … être avec toi. »

Perdue dans l’instant, j’en avais complètement oublié le contenu de ma tasse. C’est à sa remarque que je lâchai sa main et que j’attrapai ma tasse. Bon ? Oui, il l’était. Il était sucré, chocolaté et doux. Alors c’était bon. Je lui répondis d’un petit hochement de tête. Je me sentais … étrange. Presque barbouillée. Je bu une longue gorgée du liquide encore brûlant, ce qui me provoqua des frissons sur les avants-bras. Oui, mon chocolat était bon. La conversation retombait peu à peu dans le silence. Alors je me risquai, bafouillant un peu peut-être : « Et … ton café ? »
Nous étions deux belles andouilles. Oh, pas dans un sens péjoratif, quoique aux yeux de certains ça l’aurait été. Mais d’autres nous auraient trouvées … mignonnes ? Choux ? J’étais sûre que certaines personnes auraient sourit bêtement en nous regardant, si peu douées pour les relations humaines. Et pourtant toutes les deux avions un travail où les relations étaient de mises, alors … comment pouvions nous être si douces, si candides, si … naïves ?

Mes habits avaient quelques peu séchés. Mais mon jean me collait encore à la peau, tout comme mon haut blanc. Ma cape semblait un peu plus sèche et de toute façon, je l’avais posée sur le dossier de ma chaise, alors … qu’importait. Les flammes dans la cheminées semblaient toujours aussi vives qu’à notre arrivée : Elles grandissaient, bougeaient, crépitaient. J’aimais beaucoup ce petit spectacle. On pouvait voir pleins de choses dans les flammes. Enfin bref, je n’avais pas envie de replonger dans mes pensées, même si c’était à moitié fait. Et puis soudain, l’illumination. J’avais trouvé un sujet qui intéresserait peut-être la belle blonde. « Comment va ton frère ? Araon ? » Je n’avais pas dis son prénom pour lui rappeler qui était son frère. Mais plutôt pour m’assurer que c’était bien ça, le nom de l’autre blondinet. Araon. Non, ça ne devait pas être ça …

Araon:

Parler d’Aaron, et non d’Araon, n’était peut-être pas une si bonne idée. Le visage de Salem avait perdu un peu de sa joie. J’étais une idiote. J’aurais me dû me douter que la famille n’était pas un sujet plaisant, pour bon nombre d’entre nous. Mais c’était la seule chose que j’avais trouvé à lui dire. Du coup je m’en voulais un peu, et je baissais les yeux sur ma tasse presque vide. Et puis je levai à nouveau mes yeux vers elle. Apparemment, le jeune blond avait des problèmes. Je n’étais pas d’un naturel curieuse. Enfin, peut-être que quand j’étais petite, j’avais du l’être. Mais cette Alekseï là avait mit les voiles il y a bien longtemps déjà. Cependant, une question me piquait la langue. Quels problèmes avait-il ? Est-ce que je pouvais me rendre utile ? ça avait l’air d’affecter aussi Salem. Ou peut-être que c’était le fait qu’il ne reste pas longtemps avec elle … ? Je ne savais pas trop. Machinalement, mon pouce caressa le haut de sa main. Comme si je me voulais rassurante. Comme si j’étais capable d’être rassurante. Et je mordis mes lèvres. « Je l’ai vu chez Honeydukes l’autre fois. Il achetait … » hum. Il ne valait mieux pas que je lui dise. Je ne voulais pas causer du tort que ce soit à l’un ou à l’autre. Alors je souris. Un peu. « … des bonbons. Et je me suis demandé s’il allait bien. Enfin les nouvelles quoi. »

Non. Je ne dirais pas à Salem que son petit frère avait acheté des sucettes au sang. Surtout que … ce n’était pas forcément pour lui. Ça pouvait être pour un ami. Et puis il pouvait avoir envie d’y goûter. Tout simplement. Alors je ne devais pas inquiéter la belle blonde pour si peu. Je lui offris un petit sourire. Et puis bon, pour les problèmes du blond, je ne trouvai rien de mieux à répondre que : « Si tu es présente pour lui, il ne l’oubliera pas. C’est ton frère. » Bon. Parfois j’entendais des élèves raconter des choses pas très jolies sur le « petit-sang-pur-qui-pète-plus-haut-que-son-cul ». Mais Aaron restait un sorcier. Et la plupart des sorciers savaient que la famille était … sacrée. Oui enfin. J’me comprenais quoi.