Le bleu est une couleur froide ◂ Ephka.

Elle avait enfilé son plus beau jean. Parce qu'elle voulait voir quelqu'un aujourd'hui. Ne vous méprenez pas. C'était un garçon. Un peu plus vieux qu'elle, semblerait-il. Un peu plus mature. Un peu plus... Normal. Caleb, Eleyes, Eleyes, Caleb. Qu'en saurons-nous. Mais elle n'avait pas de rendez-vous ou de choses comme ça. Elle espérait juste un heureux hasard, au détour d'un couloir ou d'un escalier qui bouge. Son pantalon était trop serré. Il la moulait un peu trop. Elle trainait des pattes parce qu'elle ne savait guère où aller. Le sens de l'orientation, ça n'a jamais été compatible avec son ADN. Elle est née sans. Elle est née... Dans un monde en dehors de la réalité. Mais passons. Caleb est à Gryffondor, se dit-elle en retroussant les manches de sa chemise. Mais comme je suis très logique dans ma tête, je vais aller voir dans la salle commune de Serdaigle. Oui c'est un raisonnement qui se tient. ... Oui bien sûr. ENFIN BON. Elle arrive mais évidemment, il n'y'a pas de Gryffondor. Mais en fait, ça fait rien. C'est toujours plus drôle de chercher longtemps. C'est comme au Cache Cache. Si on trouve tout de suite c'est pas la peine de jouer.

Elle soupire, et pose une main incertaine contre la vitre de la salle commune. Dehors le vent souffle sur les feuilles, il fait courber les roseaux au loin. Le lac lui manque un peu. En fait c'est surtout ses amis qui lui manquent un peu. Et puis il y'a aussi la pluie. La pluie lui manque. Elle aime l'entendre tomber, et elle aime la regarder couler sur les carreaux. Elle aime aussi la sentir ruisseler le long de ses joues. Mais... ça c'est pas la pluie. C'est davantage une pluie intérieure. Intime. Un reste d'honneur, de la tristesse liquide. C'est rien au final, ça ne sert à rien. S'asseyant un instant dans un grand fauteuil près de la cheminée, elle regarde les bûches diminuer sous les flammes. Faudrait que quelqu'un pense à remettre du bois. Mais je le fais pas, je ne sais pas couper les arbres, je pourrais me faire mal. Se relevant brusquement, elle se heurte à quelqu'un qui arrivait. POUF. « MAIS AYEUH. » Et puis plus doucement « Mince, pardon Luak... Euh Luk. Luka. Je cherchais quelqu'un. Enfin je l'attendais. Mais il vient pas. Et c'est normal, parce que je ne suis pas au bon endroit pour le trouver. Et là je suis rentrée dans toi... Enfin je te suis rentrée dedans, en fait je courrais parce que je suis ... Enfin tu vois quoi. » Elle parle vite, parce qu'elle panique un peu. C'est un discours très compréhensible. Oui, très. Et puis elle est maladroite, elle ne sait pas s'exprimer. Mais c'est Luka qui est là. Luka aura compris. Luka elle l'aime bien, elle la connait parce qu'elle sont ensemble dans la même maison, et puis Luka l'a aidée pas mal de fois quand elle avait un problème avec des gens ou autre chose dans ce goût là. Au fond, Ephy l'aime bien. Ephy aime un peu tout le monde. Pas que Luka soit tout le monde. Enfin bref vous avez compris.