Complicité. [ft. Jude]

« Jude ? Tu fais quoi ? » La jeune fille se retourna vers la personne qui lui avait parlé. Plongée dans ses pensées, elle avait commencé à se diriger vers le dortoir sans penser à prévenir ses amies. Elle sourit. « Hm, jvais me changer, je vous rejoins après » lança t-elle en posant le pied sur la première marche de l’escalier du grand hall. Elle monta les marches rapidement, espérant gagner du temps, mais son total manque d’endurance fit qu’elle du s’arrêter reprendre son souffle en haut. C’était parfaitement ridicule. Elle tira sur le nœud de sa cravate qui glissa doucement jusqu'à se détacher, et défit plusieurs boutons de son col, libérant son cou. Elle se sentit déjà mieux, sans cette cravate qui l’enserrait. Elle pouvait sentir l’air frai sur sa peau et avait l’impression de respirer plus librement. L’uniforme, la cravate. Comme beaucoup de règles, de choses imposées, elle ne le supportait pas.
Arrivé dans son dortoir elle laissa tomber sa jupe et sa chemise pour un short passé sur son collant noir, un gilet ample par-dessus un T-shirt à manches trois quart et un foulard gris. Il ne fait pas encore trop froid en ce début de mois de septembre, pas besoin de trop se couvrir. Pourquoi se couvrir correctement juste pour aller diner ? Peut-être parce qu’elle ne comptait pas juste aller s’assoir dans la grande salle en compagnie de ses amis. Aujourd’hui on était mercredi, et depuis quelques années, le mercredi soir était devenu un moment important.

En passant devant le miroir, elle passa rapidement la main dans ses cheveux histoire de flouter sa coiffure, puis enfila ses bottines. Jugeant son apparence correcte, elle ressortit de la salle commune quasi déserte à cette heure là, pour filer vers la grande salle qui, elle, serait bondée. Avec difficulté elle se glissa jusqu’à Tania et Lux et prit place entre elle. Presque par réflexe, son regard glissa le long de la table et accrocha celui de Sirius, quelques places plus loin, à qui elle adressa un petit sourire, avant de taper l’incruste dans la conversation de ses amies. « Pourquoi vous parlez déjà des buses » râla t-elle avec un air désespéré. « On est à peine de septembre. » continua t-elle en remplissant son assiette de pomme de terre sauté. « Les profs nous on déjà rabâché les oreilles avec ça tout la journée. On va tous finir super angoissé et se rater à cause de ça. » « T’es vraiment trop flemmarde Jude » rigola la fille en face d’elle. Faussement outré, Jude planta violemment sa fourchette dans une patate qui ne lui avait rien fait. « C’est faut ! J’aime pas réviser, j’ai l’impression de perdre mon temps, nuance. » Répliqua t-elle avant de laisser échapper un éclat de rire. Elle termina son assiette, et lorsque les desserts prirent la place des plats sur la table, elle les dédaignât, préférant aller profiter des derniers rayons du soleil.

Elle eu à peine le temps de traverser le parc que  le ciel était devenu rose puis noir, tandis qu’un millier d’étoiles étaient apparues. Elle s’éloigna pas mal du château, pour aller se cacher derrière le grand arbre derrière lequel elle devait retrouver Sirius. C’était souvent cet arbre, reconnaissable entre mille, ou la volière, parfois encore la tour d’astronomie, qui leur servait de lieu de rendez-vous. « Un rendez-vous qui n’a rien de bien excitant. » soupira la jeune fille en songeant qu’il semblait que Sirius la considérait à peine comme une fille. Elle se laissa glisser contre le tronc, sortit son paquet de clope et en sortit une pour la fumer en attendant le jeune homme. D’un coup de poignet, elle ouvrit son zippo, fit craquer la roulette et inspira une bouffé de nicotine. Elle aurait pu aussi bien l’allumer d’un coup de baguette magique, mais le plaisir d’entendre le crissement du briquet, même lorsqu’elle a les doigts gelés ne pouvait être remplacé par un coup de baguette.

« BOUHHAAAAAAA ! »

La jeune fille sursauta brusquement. Mais elle n’eu même pas la peine de se retourner pour savoir qui était arrivé. « Crétin ! » s’exclama la jeune fille avec un sourire. Il ne prit même pas le temps de s’assoir pour, comme toujours, réclamer une clope à la Gryffonne. « Rah, mais t’abuse Sirius… Je commence sérieusement à croire que tu n’es ami avec moi que pour les clopes. » Fit la jeune fille ironiquement, tout en se demandant intérieurement si ce n’était pas réellement le cas. « Et m’appelle pas Judie ! »

Jude eu un mouvement de recul défensif lorsque le jeune homme, dans un élan incalculable, étendit le bras pour la serrer par la taille et l’embrasser sur la joue. Comprenant qu’il ne comptait pas se mettre à la chatouiller ou une quelconque attaque de ce genre, elle se détendit puis le repoussa gentiment avec une petite boule dans la gorge. Elle se sentait idiote. Ce genre de geste était purement amical, elle le savait, elle en était heureuse tout en tentant d’ignorer la petite voix qui s’insinuait en elle, lui murmurant mesquinement que si le jeune homme la voyait autrement qu’en amie, il ne se comporterait comme ça avec elle.

Elle le laissa prendre place à coté d’elle, contre le tronc du grand arbre, pour lui enfoncer le coude dans les cotes, à l’endroit exact ou elle le savait chatouilleux. Petite vengeance bien mérité. Elle rigola devant sa grimace puis lui envoya le paquet de cigarettes. « Mais non... Je ne suis pas ton ami juste pour les clopes. .. Je le suis aussi pour le briquet ! » « Sale type profiteur ! » lui renvoya Jude en faisant semblant de s’énerver. « Tu rêves, tu toucheras pas à mon briquet ! J’le prête pas ! Utilise la magie.» Continua t-elle en rangeant le zippo dans sa poche de short. C’était vrai, Jude ne le prêtait jamais à personne. C’était son petit trésor personnel très égoïste, un cadeau que lui avait fait quelqu’un de très précieux pour un elle, un moldu, mais l’un de ses meilleurs amis.

Jude se tourna de façon à pouvoir observer le profil du jeune homme. « Alors Judie. Quoi de neuf ? » fit-il, en la narguant de façon évidente. Jude le poussa en faisant mine de s’indigner en s’exclama une fois de plus « Ne m’appelle pas comme ça c’est moche Judie ! ». Elle attrapa ses joues et joua avec comme si Sirius n’était qu’un enfant de six ou sept ans. Devant la drôle de figure que ça lui faisait, Jude se mit à rire toute seule, de son rire clair au son de clochette.
Se rasseyant avec un grand sourire, la jeune fille reprit sa cigarette et en tira un longue taf qu’elle souffla vers le ciel. « Bah, encore une sale note une potion, un petit avertissement pour avoir volontairement renversé le chaudron d’une crétine qui m’énervait, par grand-chose de croustillant, et toi Patmol ? »