Une invasion aussi est parfois source de rencontres [Fini]

— Espèce de... !

Ludovic bondit en arrière en balançant un bouquin vers la fenêtre. Le pauvre objet heurta la vitre avec un bruit sourd avant de s'étaler par terre.

Pourquoi, entre toutes les créatures peuplant ce vaste monde, il avait fallut que ce soit l'une des plus terribles, des plus moches et des plus malodorantes qui s'installe dans son bureau ? Sûrement un cadeau échappé de la salle de Défense Contre les Forces du Mal. Il aurait bien aimé dire deux mots à ce cher O'Leary à l'occasion.

Alors que Ludovic s'approchait pour récupérer son livre, il entendit un grognement et aperçu le rideau bouger. Il eut tout juste le temps de se relever qu'un énorme doxy noir lui sautait dessus. La bestiole s'agrippa à sa manche de toutes ses petites dents acérées. Ludovic secoua le bras jusqu'à lui faire lâcher prise. Voyant que ça ne marchait pas, il attrapa le premier objet lourd qu'il trouva sur son bureau et l'abattit sur le crâne de l'affreuse bestiole.

L'espèce de grosse fée velue détalla aussitôt en direction de la salle de cours. Ludovic dégaina sa baguette aussi sec et lança un sort explosif en direction de son agresseur. Manqué, le sortilège se contenta de brûler un bon cercle de parquet.

Rageant intérieurement, il remit sa baguette dans sa poche et examina son bras. Par chance, les crocs empoisonnés de la grosse peste noire n'avaient pas traversés l'épais tissu de sa veste. Sans prendre le temps de ranger le désordre provoqué par l'attaque, il attrapa son manteau et quitta son bureau en fermant bien la porte.

Restant sur ses gardes au cas où d'autres surprises sortiraient des rideaux, il traversa rapidement sa salle de cours, ferma une nouvelle fois la porte et s'élança dans le couloir. Sans prendre le temps de saluer qui que soit, il fonça à travers le deuxième étage. Les bras croisés, il frappa du pied, mâchoires grinçantes, tandis que les escaliers tournant prenaient lentement position pour lui permettre de descendre.

Lorsque ce fut fait, il dévala les marches et sortit du château en un temps records.

Il n'avait jamais trop approché de la cabane du garde-chasse, mais il savait très bien où elle se trouvait pour l'avoir évitée de nombreuses fois, de sa jeunesse, en se faufilant dans la forêt interdite.

La petite bicoque couverte de mousse lui faisait d'habitude l'effet d'une charmante maisonnette accueillante contrastant à merveille avec les hauts arbres noirs d'une forêt menaçante. Pour l'heure, il l'aurait volontiers réduite en cendres si cela avait permis de le débarrasser de ses envahisseurs velus.

Il grimpa les quelques marches de l'entrée et tambourina contre la lourde porte pour qu'on lui ouvre. Enfonçant ses mains dans ses poches pour essayer de canaliser son impatience.

— Aller on se bouge, grommela-t-il entre ses dents serrées, les sourcils froncés.

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Mare, mare, mare.
Je pestais contre cette forêt que j'aimais pourtant de tout mon coeur. Mais là, la journée avait été longue, une fois encore.

Je sortais de ladite forêt avec des feuilles pleins des cheveux et les vêtements maculés de boue et de tâches dont il vaut mieux que je ne vous décrive pas l'origine lorsque aperçue quelqu'un frapper à ma porte, l'air visiblement impatient.

Et oui, la journée n'était pas finie.
Je soupirais avant de me décider à avancer. C'était un professeur de l'école avec qui je n'avais pas encore eut l'occasion de parler.

Au plus j'avançais, au plus je prenais conscience de son agacement.
Un autre soupir en ajustant mon arc et mon carquois sur mon épaule avant de le saluer avec un sourire.

- Bonjour professeur Descremps, qu'est-ce que je peux faire pour vous?

Je passais devant lui pour ouvrir ma porte et entrer chez moi.
J'espérais qu'il était juste venu prendre le thé mais je me doutais bien que ça n'était pas le cas.

Je déposais ma cape dégoulinante de boue à l'entrée et mes armes sur la table du salon, attendant qu'il se décide à m'expliquer la raison de sa présence.

Ludovic pivota en entendant une voix dans son dos. Tiens, il avait oublié que le garde-chasse était une femme. Elle avait l'air de sortir d'une sale histoire, au propre comme au figuré. Ses vêtements couverts de boue et sa mine fatiguée radoucirent un peu le professeur. D'accord, il avait quelques ennuis, mais visiblement certains avaient des journées bien pire que les siennes.

— Bonjour, euh... ça y est, il ne se rappelait plus son nom. C'était quelque chose comme Jeannette ou Lisette. Journée chargée ?

Il s'écarta pour la laisser ouvrir la porte. Faire un pas de côté sur le minuscule escalier n'était pas une chose aisée, Ludovic faillit tomber à la renverse. Heureusement, ni lui ni la garde-chasse n'étaient des ogres ou des semi-géants. Sans attendre d'être invité, il entra dans la petite maisonnette. Inutile de rester sur le pallier et puis il détestait être en position d'infériorité avec quelqu'un. Quand vous faites plus d'un mètre quatre-vingt avoir les yeux au niveau du menton des autres pouvait vite devenir perturbant.

Il regarda la garde-chasse poser sa cape boueuse par terre puis s'avancer vers la table. A la vue des armes, il sentit un frisson glacial lui serrer la nuque et redevint vite à cran. Il essaya de se concentrer sur autre chose, la décoration, l'odeur de chien mouillé ambiante, la garde-chasse... rien n'y faisait, ses yeux revenaient constamment sur l'arc et les flèches. Il se concentra pour garder une apparence indifférente, poings serrés dans ses poches, prêt à fuir si la moindre main s'approchait d'une des pointes coupantes.

— J'ai une invasion de doxys dans ma salle de classe, dit-il d'un ton sec sans perdre de temps en bavardages. Je me suis dis que vous auriez une méthode pour m'en débarrasser. Je ne voudrais pas prendre le risque qu'il en reste, il pourrait y avoir des blessés.

Il grinça des dents, espérant que la méthode en question n'incluait pas d'armement.

— C'est si dangereux que ça dehors ou vous coursez des lièvres dans les buissons ? lança-t-il pour essayer de se détendre.

C'était tout à fait déplacé et même un peu ambiguë, mais il s'en moquait royalement.

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Je m'étais assise pour souffler un peu attendant qu'il me parle. Je voyais son regard faire des aller-retour entre mes armes et le reste de mes affaires visiblement mal à l'aise... Ou anxieux? Je ne savais pas trop quoi en penser.
Pourquoi avait-il l'air si surpris? Parce que j'étais une femme? Où parce qu'il n'était pas courant de croiser des sorciers avec des armes?
Mais peu m'importait j'étais fatiguée et n'avait pas envi de me prendre la tête.

- J'ai une invasion de doxys dans ma salle de classe. Je me suis dis que vous auriez une méthode pour m'en débarrasser. Je ne voudrais pas prendre le risque qu'il en reste, il pourrait y avoir des blessés.

Il avait parlé d'un ton sec qui m'avait immédiatement mise sur la défensive. Certes j'étais le garde chasse de cette école mais je n'étais le larbin de personne. Mais en l'observant un peu plus attentivement je ravalais une remarque cinglante du genre qu'évidemment je savais comment traiter ce genre d'invasion et que n'importe quel sorcier le savait.
Il avait l'air aussi fatigué que moi alors il ne servait à rien d'envenimer les choses d'autant que nous ne nous connaissions pas encore et qu'il m'avait l'air assez sympathique sous ses airs ronchon.

- Vous ne vous êtes pas fait mordre j'espère? Lui demandais-je d'un ton plein de sollicitude. Et oui, je crois qu'il me reste du doxycide dans un pulvérisateur! Il y en a beaucoup? Je peux m'en occuper maintenant si vous voulez!

— C'est si dangereux que ça dehors ou vous coursez des lièvres dans les buissons ? Me demanda-t-il après un énième regard sur mon arc.

Je levais un sourcil, perplexe.
N'était-il jamais allé dans la forêt interdite? Je poussais un soupir de lassitude avant de lui répondre en souriant légèrement.

- Si vous savez où aller, non ça n'est pas plus dangereux qu'ailleurs mais il y a des créatures... enfin... La magie n'est pas la réponse à tout! Je vous emmènerai, un jour, si ça vous intéresse!

Je lui souriais sincèrement à présent.
Il n'était pas le premier à être mal à l'aise face à tout cela et ne serait certainement pas le dernier.

Ludovic ne fis pas très attention aux questions que lui posa la garde-chasse au sujet de son invasion. Nombreux ? Il n'en savait rien, il n'en avait vu que deux, mais il pouvait y en avoir d'autres. En général ces bêtes là ne restent pas longtemps seules. Et puis c'était évident qu'il ne s'était pas fait mordre. Il n'aurait pas perdu son temps dans cette bicoque sinon, il serait directement allé à l'infirmerie ou en salle de potion. En salle de potion d'ailleurs, il avait toute confiance en Aidrian lorsqu'il était matière de poison et il n'aurait laissé personne d'autre lui faire boire des liquides inconnus.

- Si vous savez où aller, non ça n'est pas plus dangereux qu'ailleurs mais il y a des créatures... enfin... La magie n'est pas la réponse à tout! Je vous emmènerai, un jour, si ça vous intéresse!

Il leva un sourcil surpris. C'était une réponse assez inattendue. Il aurait cru qu'elle lui aurait lancée une réplique cinglante ou bien qu'il y aurait un minimum de sarcasme. Voir qu'à la limite elle fasse comme toutes ces personnes qui vous laissent croire que vous les impressionnés pour vous faire partir plus vite. En tout cas, tout sauf une invitation qui, de plus, semblait sincère.

— M'emmener ? Dans la forêt ? A la façon dont il l'avait dit, d'une voix légèrement suraiguë, on aurait put penser que cette idée lui filait la frousse alors qu'il n'y avait que de l'étonnement.

Il secoua la tête pour retrouver un peu de contenance et se décrispa sans s'en rendre compte.

— Pour être honnête, réprit-il, ça ne serait pas la première fois que j'y mettrais les pieds. Il n'y a pas besoin d'être garde-chasse pour apprécier les "promenades" en forêt.

Il repensa une seconde à la dernière fois où il avait marché sous une voûte d'arbres et chassa aussitôt cette image de son esprit. Il devait paraitre bien étrange à la jeune femme. Gêné, il essaya de changer de sujet.

— Vous aimez les dragons ? J'ai été garde chasse pendant un an dans une réserve de dragons en Roumanie. Ce sont des créatures splendides, mais quelles calamités pour ce qui est du quotidien. Je ne vous dis pas le nombre de fois où mes collègues et moi on s'est étonné de nous enfoncer dans un rocher avant de réaliser que c'était de la bouse.

Il adressa un sourire un peu crispé à la jeune femme. Quel imbécile, pourquoi lui avait-il raconté tout ça ? Il voulait s'extirper d'une mauvaise passe, pas en rajouter.

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Il sembla surpris... Voir légèrement effrayé à ma proposition de l'emmener voir la forêt. Cela me surpris un peu venant de sa part mais il n'aurait pas été le premier à ne pas être à l'aise face à cette idée.

— Pour être honnête, ça ne serait pas la première fois que j'y mettrais les pieds. Il n'y a pas besoin d'être garde-chasse pour apprécier les "promenades" en forêt.

Je pris un peu mal cette dernière remarque. J'étais même vexée, à croire qu'être garde chasse à Poudlard était à la portée de tous le monde et qu'il n'y avait rien de dangereux là dedans. Je croisais les bras sur ma poitrine sans dire un mot.
Si il était si fort que ça alors pourquoi il ne parvenait pas à se débarrasser tout seul d'une pauvre invasion de doxys?
Je commençais sérieusement à me demander si je n'allais pas le jeter hors de chez moi avec perte et fracas lorsqu'il reprit la parole.

— Vous aimez les dragons ? J'ai été garde chasse pendant un an dans une réserve de dragons en Roumanie. Ce sont des créatures splendides, mais quelles calamités pour ce qui est du quotidien. Je ne vous dis pas le nombre de fois où mes collègues et moi on s'est étonné de nous enfoncer dans un rocher avant de réaliser que c'était de la bouse.

Je ne m'y étais tellement pas attendu que je n'avais pas put me retenir d'éclater de rire. L'imaginer s'enfonçant dans une énorme bouse de dragon... C'était hilarant.
je me calmais rapidement en espérant qu'il ne l'avait pas mal prit.

- Travailler dans une réserve de dragons doit être fabuleux! J'adore ces créatures! Mais pourquoi être venu à Poudlard alors que vous aviez un travail si passionnant?

J'étais curieuse, je ne pouvais pas m'en empêcher. Il m'intriguait et j'avais envi d'en savoir plus sur lui. Cela faisait longtemps que ne m'était pas arrivé, d'ordinaire, j'évitais de tisser des liens avec ceux qui m'entouraient, ils avaient un peu trop tendance à disparaitre.

- Bon, je vais chercher ce produit et aller désinfecter la salle! Vous venez avec moi? Où je me débrouille seule? Déclarais-je en me levant.

Ludovic se laissa aller à un sourire sincère. Sa réplique l'avait faite rigoler, le manque de délicatesse de la rencontre avait été oublié et l'atmosphère c'était subitement détendue. Comme quoi l'auto-dérision à souvent du bon. Mais la trêve de légèreté ne dura pas longtemps.

- Travailler dans une réserve de dragons doit être fabuleux! J'adore ces créatures! Mais pourquoi être venu à Poudlard alors que vous aviez un travail si passionnant?

Il tâcha de conserver son sourire, leva les yeux au ciel pour faire comme s'il réfléchissait. Il ne fallait pas le faire trop longtemps sinon ça paraissait suspect, mais pas répondre trop vite pour autant. Il lâcha un soupir du genre de ceux qu'on pousse lorsqu'on a affaire à un travail énorme et répondit avec un parfait naturel :

— C'est vraiment une longue histoire.

La garde-chasse se leva, elle semblait un peu moins fatigué qu'en sortant de la forêt. Sans les cheveux en batailles et les cernes d'insomnies elle semblait plutôt jolie. Ludo eut un sourire intérieur, il était souvent impressionné par le changement radical que pouvait provoquer un peu d'humour. C'était vraiment une puissante magie. Réussir à redonner un peu le moral à quelqu'un qui en avait bien besoin était l'une de ses plus grandes fiertés, même s'il se demandait souvent comment on pouvait rire à ses blagues. Selon lui, le monde aurait tourné bien mieux si tout le monde avait essayé d'en faire autant.

- Bon, je vais chercher ce produit et aller désinfecter la salle! Vous venez avec moi? Où je me débrouille seule? lança la garde-chasse.

— Allons-y, répondit-il avant d'aller aussitôt ouvrir la porte comme un parfait gentlemen. Faut-il prévoir des gants ou autre choses ?

Il repensa soudain au désordre qu'il avait laissé dans son bureau. Il aurait peut-être mieux fait de ranger ses papiers avant de partir. Tant pis, il trouverait un moyen pour éviter que la jeune femme n'aille trop rapidement dans cette pièce, le temps de rendre le tout un peu présentable.

Un peu de français au délicieux accent anglais

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Une longue histoire? Il m'avait piqué au vif mais je voyais bien que ce n'était pas le moment de le questionner.

Chaque chose en son temps Pensais-je.

La tête plongée dans un placard à la recherche du produit, je l'entendis dire un mot en français que je ne compris pas mais qui me charma totalement. Les langues étrangères... Que voulez vous?
Je me retournais, portant triomphalement le dis produit alors qu'il était en train d'ouvrir la porte.

-Faut-il prévoir des gants ou autre choses ?

Je me tapais le front.
Quelle idiote! Comment n'avais je put ne pas y penser?
Je me retournai aussitôt pour sortir deux paires de gants en peau de dragon, même si je n'aimais pas la manière, il fallait bien avouer qu'ils protégeaient extrêmement bien, ainsi que des foulards pour nous protéger le nez et la bouche.

- On peut y aller à présent! Le produit est nocif alors il ne faudra pas en respirer! Lui dis-je en sortant avec un sourire de remerciement pour la porte.