Le troisième jour d'Octobre

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Vu que j'ai un mois d'octobre chargé entre l'assaut de la bibliothèque, les velanes et la legilimencie qui se réveille, il me restait assez peu de temps mort donc j'espère que ça ne te dérange pas que ce soit au tout début du mois. Tu peux dire que le rp précédent était en Septembre ou bien le premier octobre.

Le troisième jour d'Octobre

Seul en salle des professeurs, Ludovic passait en revu les bureaux et étagères à la recherche de ce que ses collègues auraient put oublier. C'était un hobby comme un autre pour lui, un peu comme le ménage l'était pour certain. Il cherchait des notes, des devoirs non corrigés, des plumes anti-triche, des brouilleurs de bavardages ou toute autre chose du genre. Lorsqu'il les trouvait, il regardait si le contenu était intéressant et s'il n'avait pas déjà un exemplaire du genre et, lorsque c'était le cas, il le gardait. Tout simplement. Pourquoi ? Pour satisfaire son côté cleptomane d'une part, mais surtout pour se trouver des idées afin que ses cours soient aussi bien que possibles.

La porte s'ouvrit soudain, tirant le professeur de sortilèges d'un liasse de copies d'arithmancie. McGonagall fit irruption, un jeune garçon sur les talons qui préféra rester sur le pallier. Pas très curieux l'animal.

— Professeur Descremps, lança la sorcière en approchant avant de jeter un oeil sur les papiers entre les mains du français. Seriez-vous occupé ?

Ludovic reposa les feuilles qu'il tenait dans la main et prit un air innocent.

— Euh non, de la lecture seulement.

— Pourriez-vous conduire le jeune Lightfire auprès de Mademoiselle Hash je vous prie ? Le professeur O'Hara lui a mis une retenue et j'ai cru comprendre que cela se passerait dans la forêt interdite. Malheureusement il est tard et je ne voudrais pas qu'il s'y rende seul.

— Pourquoi moi ? répliqua aussitôt l'ébouriffé encore figé dans son air de coupable prit sur le fait. Vous pouvez l'accompagner vous non ? Ou quelqu'un d'autre.

Il avait ajouté la jeune femme sur sa liste de personnes à éviter depuis quelques jours à peine et aurait espéré tenir un peu plus longtemps à distance avant d'être obligé de se retrouver une nouvelle fois en présence d'un détecteur de secrets sur patte. Ce n'était pas qu'il avait une dent contre elle en particulier, juste l'idée qu'on puisse lire dans les tréfonds de son esprit qui suffisait presque à effacer tout le reste. Il aurait dut être compréhensif, après tout, il avait et était encore plus ou moins dans le même cas, mais chacun à ses défauts.

— J'ai d'autres occupations à régler avant la fin de la soirée et vous êtes le seul ici. J'espère que cela ne vous dérange pas.

Ludovic tourna la tête, la bouche ouverte, cherchant de quoi se tirer de cette corvée. Oui, personne. Dommage. La sous-directrice prit cela comme un accord et fit volte-face, disparaissant aussi subitement qu'elle était apparut en lui laissant son... adorable jeune élève sur les bras.

— C'est vrai que la garde-chasse c'est votre copine ? demanda le garçon.

Le brun baissa les yeux sur le Gryffondor avec un air infiniment las. Quelle poisse. Il aligna soigneusement les copies couvertes d'écritures algébriques sur la table et traversa la pièce en quelques enjambées. Il s'arrêta une seconde pour fermer la porte derrière lui et se contenta de grommeler un bref :

— On y va.

Après tout, ça n'était pas si compliqué. Il suffisait de sortir, marcher jusqu'à la cabane, déposer le paquet et revenir à toutes jambes. C'était peut-être désagréable, mais c'était faisable et prendre l'air lui ferait du bien après toutes ces heures enfermé dans le château.

FICHE ET CODES PAR BROADSWORD.

L’empathie ça n’était pas si difficile à gérer après tout. Il suffisait de rester loin des gens et quoi de plus simple quand l’essentiel de votre travail consiste à aller, seule, dans la forêt interdite ?

Cela ne faisait que quelque jours que j’avais découvert mon pouvoir et quelques rares mais précieux amis m’avaient donné des conseils pour gérer cela. Le plus important d’entre eux étant de surtout rester calme et de respirer. Quoi de plus simple ? A part peut-être se jeter dans un troupeau de centaures en colère ?
Non, il fallait que je me reprenne. J’en étais capable mais à chaque fois que j’essayais de fermer mon esprit une image de Ludovic en colère venait me frapper. Je m’en voulais de ce qui s’était passé la dernière fois qu’on s’était vu et d’ailleurs, il devait m’en vouloir également car je m’étais bien rendu compte qu’il avait tout fait pour m’éviter.

Ma journée de travail venait de se terminer. Pour une fois, elle n’avait pas été trop chargée, juste un élève qui avait tenté de « s’infiltrer » discrètement mais que j’avais rapidement rappelé à l’ordre et quelques autres affaires propres à ma charge de garde-chasse.
Je soupirai en secouant mes mains pour retrouver un semblant de concentration. Je sentais toutes les émotions présentes dans le château non loin, bouillonner, prête à m’assaillir si je n’y prenais pas garde. Assise sur les marches devant ma « maison » je tentais de faire le vide dans mon esprit. J’écoutais le vent jouant dans les feuilles des arbres, les bruits de la nature, le silence du parc… Je tentais de faire le vide et de ne plus penser à rien et le mieux de tout ? C’était que ça marchait. Enfin, je pouvais sentir que j’étais seule avec moi-même et enfin depuis la rentrée, j’allais pouvoir rentrer chez moi et passer une vrai nuit, une bonne nuit sans être interrompu par un incident, une colle d’un élève ou autre chose.

C’était d’ailleurs une chose curieuse que les professeurs de cette école pensent que je n’avais que ça à faire de mes nuits que d’accompagner leurs élèves puni dans la forêt. Certes, j’avais souvent des choses à faire dans la forêt à la nuit tombée mais je n’avais pas besoin de m’encombrer d’un élève qui n’avait pas envie d’être là et qui n’allait faire que me ralentir. Mais il semblait que ce soit dans la tradition des punitions que de les envoyer avec peur dans la forêt.
J’avais du mal à saisir le principe puisque je n’avais jamais redouté cet endroit mais bon.

De longues minutes avaient passé, peut-être une heure, lorsque je me décidais à me lever pour rentrer mais quelques choses vint chatouiller mon cerveau : des sentiments ne m’appartenant pas. Immédiatement, je tentais de respirer calmement en fermant les yeux pour faire obstacle à cet assaut. Je regardais en direction du château pour voir arriver deux personnes, une grande et une plus petite.
Je retins mon souffle au moment où je reconnu l’un d’entre eux : Ludovic.

Non, il ne voulait pas me voir et moi non plus. Prenant mes jambes à mon cou, je me dépêchais de rentrer chez moi et de fermer la porte. Peut-être ne faisaient-ils que passer ? Peut-être que je me faisais des idées et qu’il ne m’amener pas encore un élève en retenu ?
Mais au fond de moi, une petite voix, riant beaucoup de moi, me disait qu’il n’allait pas tarder à taper à ma porte.

Toc Toc Toc.
Dommage, c’était bien vers moi qu’ils se dirigeaient.
Une appréhension me frappa de plein fouet mais je fus bien incapable de savoir si elle venait de moi ou de l’autre côté de la porte.

Respirer. Faire le vide.
J’inspirai et expirai calmement en me répétant cette litanie et le miracle fut que ça fonctionna… Autant que possible. Tout ce qui m’assaillait au paravent fut comme étouffer sous une grosse couette en plume.

J’accrochais un léger sourire à mes lèvres avant d’ouvrir la porte. Ludovic se tenait là avec un jeune élève que je ne reconnaissais pas et pourtant, j’en avais déjà croisé beaucoup.
Il s’appelait Kyle Lightfire.

Non c’était officiel, je ne le connaissais pas mais cela importait peu. Ludovic m’avait appelé Mademoiselle Hash et bien que je sache que c’était pour paraître plus professionnel aux yeux de l’enfant, je n’en avais pas moins ressenti un léger pincement au cœur.
Me reprenant rapidement, j’écoutais le pourquoi du comment il se présentait devant moi et sans surprise apprit qu’il avait été collé et que bien évidemment je devais m’en charger.
Je laissais échapper un soupir d’exaspération avant de me reprendre.

-Donc il est collé on me l'a confié, je vous le donne. Envoyez-moi un hibou quand vous en aurez fini avec lui et je viendrais le chercher. Me déclara Ludovic.

-Je ne suis pas une baby-sitter ! Si on vous l’a confié gardez le, professeur Descremps ! Adoptant un ton volontairement calme et professionnel.

Mais visiblement, ça n’était pas son problème et était prêt à faire demi-tour lorsque l’élève s’en mêla.

— Mais... monsieur... vous restez pas avec moi ?

Le professeur de sortilèges s'arrêta et pivota, sourcil froncé.

— Pourquoi je resterais ?

— Parce que le professeur McGonagall a dit que vous m'accompagneriez dans la forêt parce que je veux pas y aller tout seul dans la forêt et puis si je me perds ça serait horrible et j'aurais besoin d'un professeur pour me retrouver sinon je me ferait manger par une bête et puis... il baissa d'un ton. et puis je voudrais pas que vous m'accusiez de voler votre copine.

Je manquais de m’étouffer en entendant sa dernière phrase. Sa copine ? Mais qu’est-ce que c’était encore que cette histoire ? Probablement encore une rumeur lancé par un élève. Enfin, ce n’était pas la première fois que j’étais le sujet de rumeur dans cette école et je me doutais bien que ça ne serait pas la dernière.

— Je pense que vous serez tout à fait en sécurité avec Mademoiselle Hash.

— Mais McGonagall a dit qu'avec le loup-garou dans la forêt il ne faut pas que les élèves sortent non accompagnés quand la nuit tombe, même si c'est que dans le parc alors si on va dans la forêt j'aurais besoin d'être doublement accompagné si le loup-garou y est.

-Bon maintenant ça suffit ! Tu n’as pas à remettre en question les décisions des adultes ! Et de toute manière en ce qui concerne le loup garou, nous ne sommes pas une nuit de pleine lune alors inutile de paniquer ! Tu n’as donc rien apprit dans cette école ?

Je lui avais parlé d’un ton froid afin qu’il comprenne bien où était sa place. Certes, j’avais tendance à faire plutôt ami ami avec les élèves en règle générale mais celui-là était en colle donc inutile d’être tendre, après tout il fallait bien qu’il retienne la leçon. De plus, si il s’amusait et qu’il le disait aux autres, je sentais que j’étais parti pour avoir des élèves avec moi toute les nuits et il en était hors de question.

Sunny choisi cet instant pour se lever de son panier pour se jeter sur l’élève toute langue dehors afin de lui laver le visage en bon et dut forme. Je la laissais faire quelques instants, m’amusant devant la tête catastrophé de Kyle essayant vainement de repousser cette boule de poiles et de muscles.

-Sunny ! L’appelais-je doucement et habitué à m’obéir elle vint s’asseoir à mes pieds battant joyeusement de la queue prête et lorgnant sur l’élève prête à lui ressauter dessus à la moindre occasion.
Elle adorait léchouiller et faire des câlins aux élèves qui le lui rendaient bien en général.

-La voila ton garde du corps dans la forêt ! Tu ne trouveras pas mieux !

Je souriais calmement.
Cet intermède m’avait au moins permis de me détendre et de pouvoir enfin faire le silence en moi.
Décidant que je n’avais pas le choix, je prenais ma veste de cuir usée accrochée à la patère près de la porte et avant de la mettre sur mes épaules, je me tournais vers Ludovic.

-Alors ? Que faîtes-vous ? Vous nous accompagnez ? Je vous promets que ça ne se passera pas comme ça dernière fois !

J’espérais qu’il accepterait, et parce que j’aimais sa compagnie, et parce que ça nous permettrais de rompre ce malaise qui s’était installé entre nous, et parce que je sentais que si je me retrouvais seule avec cet élève plus de 15 minutes, vu son caractère, cela pourrait bien mal se finir… Pour lui.

Il avait hésité lorsqu’il avait parlé de faire des patronus et j’avais trouvé cela intriguant mais ça ne me regardait pas. Ce qui m’agaçait était qu’il avait qualifié Sunny de truc qui bave et mon chien… Et bien, c’est mon chien, on ne s’y attaque pas.
Décidemment, ce gamin commençait sérieusement à me taper sur les nerfs alors que Ludovic avait l’air de trouver ça plutôt drôle.
Malheureusement pour eux, nous allions dans un endroit qui était mon domaine : La forêt interdite. Et si ils continuaient comme ça, il n’était pas impossible que je les abandonne à leur sort dans un coin sombre au milieu des bois.

L’attitude de Ludovic avait tendance à me déstabiliser. Il me vouvoyait, m’appelait Mademoiselle Hash, ce qui avait tendance à m’agacer sérieusement, et était si froid et si distant… Je crois qu’au fond, cette distance me faisait du mal.
Bien malgré moi, je m’étais attachée à lui alors qu’il semblait tout faire pour mettre de la distance entre nous.
Il fallait bien que je me fasse une raison.

Tentant de garder mon cœur entier alors que je le sentais s’effriter tout doucement dans ma poitrine, je retins un soupir en poussant tout le monde dehors pour pouvoir fermer la porte.

- Très bien ! Allons-y ! J’ai des fleurs à ramasser et elles ne sortent qu'en fin d'après midi alors autant en profiter !

Et sans attendre, Sunny gambadant joyeusement à quelques mètres devant moi, je commençais à m’enfoncer dans la forêt. Le soleil se couchait doucement à l'horizon mais il faisait encore suffisamment clair pour ne pas avoir besoin de lampe. De toute façon, je connaissais tellement bien cette partie de la forêt que même aveugle, j’aurais pu m’y retrouver alors même si nous nous retrouvions à y être encore lorsque la nuit serait tomber, ça ne serait pas un problème pour moi.

J’avançais, bien décider à en finir rapidement avec toute cette histoire. J’étais plongée dans mes pensées lorsque le jeune garçon me demanda si Sunny savait ramener les bâtons. Je retins une remarque désagréable avant de lui répondre calmement.

- Ho, elle adore courir après toute sorte de chose ! Tu peux essayer si tu as envi mais je ne te garantis pas qu’elle te le ramène gentiment !

J’esquissais un sourire en voyant démarrer mon chien derrière un bâton en aboyant joyeusement. Il y en avait au moins une qui s’amusait.

Le regard rivé au sol, j’avançais en silence à la recherche des fameuses fleurs lorsque Ludovic me demanda à quoi elle ressemblait. Comme une idiote, je ne leur avais même pas expliqué de quoi avait l’air ces plantes… Ils auraient pu chercher toute la nuit sans rien trouver…

- La fleur est bleue, toute petite avec un cœur jaune ! Elle pousse en groupe la plupart du temps, au pied des arbres !

Je n’ajoutais rien de plus, ne sachant comment agir avec lui, ni même avec l’enfant. Décidemment, je n’étais pas douée pour les relations avec les autres. Je savais assez bien écouter et donner des conseils, la plupart du temps, c’était pour cela que les élèves et même parfois mes collègues venaient se confier à moi mais quand j’étais au cœur de l’histoire, j’étais incapable de m’en sortir.

— Au fait Elizabeth vous allez avec quelqu'un au bal d'Halloween ?

Je stoppais net ma marche. Voulait-il me demander d’y aller avec lui ?

Non, il ne fallait pas trop que j’espère, surtout avec le nombre de femmes qui lui tournaient autour, je n’avais pas la moindre chance. Nous étions tout juste ami et encore, je commençais à en douter sérieusement pourtant mon cœur se mettait à battre la chamade à chaque fois que je me retrouvais en sa présence et je ne parvenais pas à me l’expliquer, ni à me calmer.
Toutefois, en avais-je seulement envi ?

- Non… Et vous ?

Je lui avais répondu sur le ton de la conversation, comme si de rien n’était mais je craignais qu’il ne voit mon embarra.

Il me demanda tant de précisions sur les fleurs que je fini par ne plus savoir ce que je devais chercher. Plongeant les mains dans les poches, je me rendis compte en étouffant un juron entre mes dents que j’avais oublié le papier décrivant la fameuse fleur sur ma table.

- Je crois qu’on va laisser tomber la fleur ! Je ne sais plus vraiment ce qu’on doit chercher ! Tant pis, je reviendrais demain !

Après quelques minutes de silence suite à ma question au sujet de sa cavalière pour le bal, il finit par m’avouer qu’il cherchait la personne et qu’il avait hâte d’y être.
Malgré tous mes efforts pour étouffer mes sentiments, je ne pus réprimer ce petit élan d’espoir qu’il m’inviterait au bal.

Heureusement, je fus stopper dans mes réflexions qui me mettaient de plus en plus mal à l’aise par le retour de l’enfant couvert de bave et de boue, suivit par une Sunny tenant fièrement dans sa gueule un bâton.

Je ne pus réprimer un éclat de rire devant la mine radieuse de l’élève.

- Je vois que Sunny à gagner ! Déclarais-je en retrouvant mon sourire et sentant mon cœur s’alléger un peu.

Je pris tout à coup un air des plus sérieux pour me mettre face à lui.

- Tu es quand même censé être en retenu et je ne suis pas sûr que tu doives t’amuser alors voyons ce qu’on va bien pouvoir te faire subir…

Je laissais passer un instant de silence, suffisamment pour voir sa mine s’assombrir.

- Allons ! Détends-toi ! Je ne vais pas te torturer ! On va se promener encore un peu et puis on rentrera ! Tu n’auras qu’à dire que je t’ais fait ramasser du bois pour ta punition ! Si tu ne dis rien, je ne dirais rien non plus ! Lançais-je avec un clin d’œil avant de me tourner vers mon collègue très sérieusement. Et vous ? Professeur, allez-vous trahir notre secret ?

un silence pesant et voila qu'il me faisait la moral sur mon idée de laisser le petit tranquille. Alors que c'était lui qui était cool avec lui au début? Décidément, je ne le comprenais pas et du coup je ne savais plus quoi faire.

Il n'avait pas tort. Si l'élève avait été puni c'était pour une bonne raison et le laisser s'amuser était irresponsable de ma part... Enfin, ce qui m'inquiétait surtout c'était la colère de Minerva.

-Très bien, très bien! Vous n'avez pas un problème d'esprit de contradiction vous? et puis d'abord, c'est à vous qu'on l'a confié pas à moi!

Je commençais à en avoir assez de son attitude. Toujours à vouloir me contredire. Pourquoi agissait-il donc comme ça?

Et voilà qu'il me demandait ce que je faisais d'ordinaire à cette heure ci dans mon travail, probablement pour trouver quoi faire avec l'enfant.


Prise au dépourvu, je tentais de retenir un cri de rage. Il fallait que je me calme. J'avais une image a conserver.

J'inspirais un grand coup avant de répondre.

-Ca dépend des jours! C'est l'avantage de mon travail! Il n'y a rien de monotone!

Je réfléchi un instant avant d'avoir un sourire machiavélique. Et si nous allions voir les centaures? Mais ma bonne conscience me ramena aussitôt à la raison en me disant que c'était une mauvaise idée qui risquait de tourner très mal au vue de ce qui s'était passé la dernière fois.

Je poussais un énième soupir.

-Nous n'avons qu'à faire une petite patrouille dans la forêt pour voir si tout va bien! Je voudrais vérifier que les licornes vont bien! Allons-y!

Déclarais-je en faisant exprès d'utiliser cette expression qu'il affectionnait tant et sans attendre leur réponse, je me remettais en chemin avant qu'il ne me contredise à nouveau. Il voulait savoir ce que je faisais de mes journées? J'allais lui montrer et ça n'allait pas être de tout repos, il allait falloir marcher vite et longtemps. Une parfaite punition pour un élève visiblement très dissipé et une bonne épreuve d'endurance pour un professeur qui avait décidé de m'agacer.

Ludovic ne semblait pas très emballé a l'idée de faire une patrouille dans la forêt pour voir si les licornes allaient bien. L'élève en revanche sautillait comme un jeune lapin en pleine saison des amours.

— Dites-moi, Vous n'auriez pas une légère obsession sur les licornes vous ? Me demanda Ludovic.

Je ne savais pas quoi répondre. Comment ne pas être fasciné par des créatures aussi pure alors que le monde était si plein de noirceur ? Alors, plutôt que d'être désagréable, je gardais le silence préférant avancer.

-vous me direz, il y a pire comme animal préféré! Ajouta-t-il.

Cette fois ci je m’arrêtais pour lui faire face.

-je ne sais pas si il est pire ou meilleur que les autres! C'est juste qu'elles sont en danger et que je dois faire quelque chose pour les sauver! C'est mon travail après tout!

Non je n'avais pas une obsession, même si il m'avait prise en pleine crise de nerf sur le corps de l'une d'entre elles.

-on va voir les licornes? Hein? Dite? Dite? Dite? S'impatientais le gamin a cote de nous.

Lorsqu'un grognement se fit entendre et ce n'était pas de ceux qu'on aimait entendre. Il était menaçant.
La nuit était en train de tomber et cela n'augurait rien de bon. Je n'avais pas fait attention a l'heure et j'avais un élève sous ma responsabilité.

- Professeur Descremps, pouvez-vous ramener le garçon à l’école, s’il vous plait ?! Lui dis-je plus que je ne lui demandais.

-ho mais... Commença le jeune garçon.

-écoute, si tu veux rester dans cette foret et te faire mutiler ou pire, libre à toi mais je n’en serai pas responsable !

Bien entendu, il était hors de question que je le laisse mais je tenais surtout à lui faire comprendre la dangerosité de la situation. J’attendais impatiemment la réponse de mon collègue alors qu’un nouveau grognement, plus proche, se fit entendre.
Je serais ma baguette fermement dans ma main, prête à réagir au moindre signe de danger.

Grrrr. Lui et sa manie de toujours tout prendre en main même lorsqu’il ne devrait pas. Nous étions dans MA forêt après tout. C’était à moi de donner les ordres pas à lui. Mais non, il n’en faisait qu’à sa tête, comme d’habitude… Mais comment lui en vouloir quand il ne cherchait qu’à aider ?

D’un coup de baguette, il creusa un large trou dans le sol et en voyant cela, je ne pus m’empêcher de grincer des dents. Il défigurait ma forêt.
Non, il fallait que j’arrête, que je me calme. Ce n’était pas le moment de penser ainsi. En l’écoutant, nous nous calâmes tous derrière un large tronc d’arbre et s’en suivi une attente insoutenable.
Serré contre Ludovic, je ne pus empêcher mon cœur de s’emballer, heureusement ou malheureusement, il y avait l’élève avec nous et je le sentais gigoter, tentant d’apercevoir quelque chose.

-Qu’est-ce qui se passe ? Elle est où la bête ? Mais je vois rien !

D’un geste brusque, je le coinçais contre le tronc, une main sur la bouche. Il allait réussir à nous faire tuer ce mioche.

Les grognements se rapprochaient. Ma respiration s’accéléra encore. Je ne supportais pas de ne rien pouvoir faire.

Soudain, une idée.

D’un mouvement de baguette, je fis se produire un bruit dans la direction opposé à la nôtre et la créature se laissa visiblement berné puisque les grognements s’éloignèrent aussi vite qu’ils ne s’étaient rapproché.

Je relâchais la pression que je maintenais sur l’enfant.

-Maintenant, on rentre !

Il n’était plus question de négociation. Si cette forêt s’appelait la forêt interdite c’était pour une bonne raison, il n’y avait pas de place pour des élèves ici et je ne comprenais toujours pas pourquoi, les professeurs continuaient de m’en envoyer en heure de colle. C’était n’importe quoi.

Bon, certes, j’étais très hypocrite car quand j’étais moi-même élève, je passais plus de temps dans cette forêt qu’en cours mais ça n’était pas une raison.