[Flash-back] Petites surprises entre amis

Les nouvelles allaient vite dans Poudlard, du moins, c'est ce qu'il se disait. Et il devait sûrement en être de même parmi les langues pendues de la Confrérie. Mais en tant que psychologue, Savanah savait parfaitement que quelques fois, les secrets devaient rester secrets. Et ce, par tous les moyens.
Alors bon, le fait que cette année, elle rejoigne à son tour la longue liste du personnel de Poudlard n'était certainement pas l'information du siècle, mais il était toujours plaisant de surprendre telle ou telle personne, surtout quand cette dernière ne désirait pas particulièrement vous voir débouler dans sa vie. Alors garder le secret trois mois n'avait pas été difficile, un simple contrat entre Dumbledore et elle, passant quelques fois par McGonagall, rien de mieux pour la confidentialité.
Et c'était ainsi qu'ils avaient conclus qu'elle viendrait une semaine en début d'année pour passer une visite à tous les élèves et enseignants, puis, une fois par semaine pour les cas plus... Piquants.
Et c'était surtout grâce à cela, qu'elle aurait le privilège de surprendre quelqu'un de bien particulier.

Quelques syllabes à peines prononcées, et un craquement se fit attendre avant que la porte ne grince légèrement dans ses gonds. La sorcière la retint cependant par la poignée, observant autour d'elle avant de calmement s'avancer dans la chambre de sa prochaine victime. La journée étant déjà bien avancée, la lumière du jour pénétrait sans mal dans la petite salle, ce qui lui donnait un assez bon aperçu de la "décoration". Il fallait avouer que contrairement à ce à quoi elle s'était préparé, cette chambre n'avait vraiment rien d'exceptionnel. Elle était même plutôt ordonnée, de quoi surprendre de la part de la Gourmandise, mais finalement, quelque peu prévisible de la part d'un bibliothécaire.
Il y avait quelque chose d'autre de passionnant dans les espaces de vie d'une personne, surtout pour une psychologue telle qu'elle, c'était qu'une chambre était le reflet de la personnalité de n'importe qui.
Même elle, son manoir et son cabinet étaient des plus parlants, ordonnés, impeccables, décorés avec goût et surtout, avec des tableaux et autres œuvres d'art que peu de gens pourraient se payer. Et ainsi, malgré tout, on parvenait à découvrir chaque fois de nouvelles choses sur une personne donnée.

Ici, tout avait beau être rangé, il suffisait sûrement de creuser un peu pour découvrir quelques indices. Et c'est tout naturellement que la sorcière commença à déambuler dans la pièce, observant les meubles avant de commencer à ouvrir tiroirs et placards. Sans grande surprise, la nourriture y dominait... Comme quoi, chasser le naturel il revient au galop.
Savanah esquissa un léger sourire moqueur alors qu'elle refermait la porte du placard, entendant quelqu'un s'approcher puis la porte grincer...
Tiens donc, mais qui pouvait bien arriver à cette heure-ci?
Sans se préoccuper le moins du monde que son "collègue" la surprenne ici, elle continua de se "promener" dans la petite pièce, et lorsque le tant attendu bibliothécaire arriva enfin, elle se contenta de lâcher un simple:

-Et bien et bien... Je vois que tu en as, des réserves en cas de guerre. Même si, ce n'est pas vraiment surprenant, n'est-ce pas?

Il fallait s'attendre a ce que le bibliothecaire réagisse de la sorte. Surpris, certes, mais tout de même bien' plus froidement que ce qu'aurait imaginé la psychiatre. Peut-être un peu plus d'expressivité aurait été bienvenue, mais concrètement, sa réaction fut assez satisfaisante pour la femme qui était venue rendre visite à son "vieil ami". D'ailleurs, en parlant de cela, Savanah était toujours surprise de voir que malgré leurs dizaines d'années de plus, certains membres de la confrérie, plus âgés, étaient bien moins intelligents qu'il n'y paraissait. En moins de quarante ans, elle était devenue une psychiatre reconnue en Grande-Bretagne que le autres écoles moldues aimaient appeler en temps difficiles. Et eux... Qu'avaient-il donc fait en... cent? Deux cents siècles d'existence?

Un rictus hautain aux lèvres, la brune se tourna vers celui qui venait de la rejoindre et qui d'ailleurs exposait toute sa mauvaise humeur et son déplaisir de la trouver ici en quelques phrases aussi brèves que bien choisies. Bien, bon moyen de commencer la conversation. Il se plaçait d'ores et déjà sur la défensive, autrement dit, il la craignait et se sentait en position d'infériorité. Bien, au moins son instinct de survie n'était pas totalement atrophié. Les instincts quelques fois...!

-Oh, jolie trouvaille. Veux-tu que l'on te descerne une médaille pour cette magnifique repartie? repliqua-t-elle avec un sourire presque félin.

Iceberg hein? Il n'était pas le premier à lui faire cette remarque, et certainement pas le seul a penser cela. Mais comme beaucoup de choses, elle en était parfaitement consciente et ce n'était certainement pas un point qu'elle aimerait changer. Surtout que ce n'était qu'une question de point de vue. Certains de ses patients semblaient lui trouver un coeur de glace, d'autres au contraire, la trouvaient aussi chaude que de la braise. Mais après tout, il fallait avouer que chaque personne meritait un traitement bien particulier, et il n'y avait pas deux personnes identiques. Et cela, en plus de dix ans de carrière, s'était toujours avéré juste.

-Que d'impolitesse, aurais-tu oublié les bonnes manières très cher? s'indigna faussement la brune à hauts talons avant de continuer: Sinon, pour répondre à ta question, je venais uniquement faire preuve de civilité et te passer le bonjour en tant que collègue.

Le sourire de Lewis s'étira légèrement alors qu'elle s'avançait vers la Gourmandise, s'approchant au plus près jusqu'à ce qu'il ne reste que quelques centimètres entre leurs deux visages, s'amusant du troble qu'elle lui causait sans aucuns doutes.

-Et il ne me semble pas que faire preuve de politesse soit une faute. Qu'en dis-tu?

La Gourmandise et l'envie... Deux peches intimement liés, car l'un n'allait pas sans l'autre. Mais qui n'allait pas avec l'Envie avec un grand E? La gourmandise, l'avarice et la luxure étaient tous trois poussés par cette dite impulsion, la colère et la paresse n'étaient en somme que le besoin -l'envie- d'exprimer ce qu'on avait sur le coeur. Et l'orgueil n'était lui que le fait de se voir supérieur, l'envie de se sentir au dessus de tous.
Alors pauvre petit Gourmandise qui tentait de résister au serpent tentateur, que pouvait-il concrètement faire contre celle qui tirait les ficelles dans l'ombre?
Pas grand chose, je le crains.

Savanah eut un rictus mauvais lorsque la Gourmandise lui demanda toujours aussi froidement ce qu'elle venait faire ici, et que ce n'était sûrement pas pour des civilités du genre qu'elle s'était déplacée. Pourquoi réagissait-il donc ainsi? N'avait-elle plus le droit d'aller saluer un vieil ami?
La sorcière fit claquer sa langue quelques coups secs avant de se retourner, avançant vers la fenêtre pour observer la vue quelques instants.

-Ce que je veux de toi? Qu'est-ce que je pourrais bien vouloir de toi?

Son regard inexpressif fixa une minute encore la ligne d'horizon qui se dessinait au loin, songeant que derrière cette ligne des millions de choses se tramaient... des choses dont elle n'aurait jamais idée. Mais après réflexion, derrière ces murs de Poudlard se cachaient des secrets qu'elle avait hâte de découvrir, car le fait -ou non- de les retrouver n'était plus à revoir.
Elle les aurait. Tous, les uns après les autres, et ce, quels que soient les moyens pour y parvenir.
La voix du bibliothécaire à ses côtés la ramena à la réalité alors qu'un sourire froid avait étiré ses lèvres, et elle tourna la tête pour observer celui qui se couvrait devant elle.
Mmmh... Bonne initiative, plus bas et cela aurait été encore mieux.
Ne relevant pas l'insulte à peine dissimulée, l'Envie lâcha un simple "Je n'ai pas soif, merci." avant de retourner à sa vue. À croire que cette simple réaction fut le détonateur à la soudaine réaction brutale et intempestive de son "collègue" qui semblait lâcher ses quatre vérités à celle qu'il considérait tel un "iceberg". D'abord surprise, la psychiatre avait froncé un sourcil en lançant un regard en biais à son interlocuteur qui rouspetait sur le terme qu'elle venait d'utiliser, avant de choisir lui-même l'appellation qu'il préférait. Mais lorsqu'il en arriva à critiquer son caractère, la traitant de tous les noms -dont peu étaient réellement originaux-, la première concernée ne pût s'empêcher de sourire avant de se désintéresser à nouveau d'Anthony pour fixer l'extérieur, comme amusée. Elle ne pût d'ailleurs pas retenir un léger rire lorsque l'homme la qualifia de, je cite, " vieille mégère".
Vieille? Vraiment? Il se pensait bien placé pour user de ce terme?
Puis, le silence revint, et bien évidemment, la seule parole de la brune fut:

-Jolie vue.

Des... Changements de comportement brutaux, des sautes d'humeur, des surprises à tous les coin de rue... Voilà une réaction typique de quelqu'un de la Confrérie, qu'attendre de mieux? Alors en soi, ce n'était pas une surprise. Juste... Un petit contre-temps.
Lentement, elle se détourna de cette vitre à laquelle elle s'était collée, s'avançant vers l'homme alors que son visage se tordait peu à peu, ses sourcils se fronçant alors que son sourire s'étirait d'une bien cruelle manière, ses yeux pourtant aussi calme et froid que la façon dont tout le monde la voyait.

-Alors comme ça, le chiot montre les crocs? Ah! Laisse moi rire! Crois-tu vraiment que tes faibles paroles puissent me faire quelque chose? Et comment peux-tu parler de vieillesse? T'es-tu seulement vu? Elle l'observa de haut en bas, un air de dégoût et de férocité au visage alors qu'elle reprenait parole. Quel âge as-tu déjà ? Soixante? Soixante dix ans? Un rapide rire secoua sa poiteine alors qu'elle toisait l'autre du regard, reprenant sans attendre: Tu n'es qu'un cadavre ambulant animé par une magie dont tu n'as pas idée. Et qu'as-tu tiré de toutes ces années?

Le visage de la femme se radoucit étrangement alors qu'elle affichait un sourire satisfait mais horriblement neutre.
La réponse tombait sous le sens, et de toute façon elle ne voyait pas ce que cette dite réponse pourrait lui apporter. S'il en avait tiré des choses, tant mieux pour lui! Sinon, ce n'était certainement pas son problème.

-Enfin pour revenir à nos moutons, sache pour ta gouverne que cette année je rejoins aussi les rangs de cette belle école. Tu as de la chance ce n'est pas à temps complet. Mais ne va pas  t'imagier que cela sauvera ton année .. Je ne compte pas te laisser souffler pour si peu. termina-t-elle, un sourire carnassier aux lèvres.

Anthony avait esquissé un sourire alors qu'elle même parlait d'une manière plutôt froide. Alors pourquoi un sourire?
Lui même venait tout juste de déballer tout ce qu'il pensait d'elle, le lésinant pas sur les mots et termes utilisés, la colère se percevant dans son ton et la rage brillant dans les yeux. Et là, pourtant, il semblait tout juste amusé à regarder l'autre lui répondre comme si une enfant vous tendait son dessin en vous expliquant qu'elle vous le donnait.
Cela eut au moins le mérite de déstabiliser la psychiatre, même si, maître de ses émotions, elle ne laissa rien paraître de flagrant, à part peut-etre un léger froncement de sourcils mais rien de très méchant. Mais ce dit froncement de sourcil s'accentua lorsque la Gourmandise remit en place ses quelques mèches égarées derrière son oreille, avant de totalement disparaître lorsque ce dernier l'embrassa légèrement. Et lorsqu'elle posa son regard sur le bibliothecaire, celui-ci fut alors sombre, froid et ferme, mais étrangement neutre. De ce genre de regard qui vous mettait mal à l'aise et effrayait pourtant sans grandes raisons.
Et pourtant, cela ne l'empêcha pas de continuer à parler, se vantant de son âge et de ses charmes par la même occasion avant de terminer sur une belle note positive qui aurait ravi n'importe quel enfant amateur de contes de fée.

-Ravie de l'entendre, mais qu'essaies-tu donc de faire? répondit alors la sorcière, sans se départir de son regard noir et de son ton froid. Tu te joues de moi? Tu tentes de me séduire? Dis moi, crois tu vraiment que ce jeu fonctionne sur moi?

Peut-être y avait-il eut là quelque message à son attention, et elle n'était pas du genre à rater une telle chose habituellement. Mais les embrassades, les gestes attentionnés... Il suffisait d'écouter son ton grondant pour deviner que c'etait loin d'être le meilleur sujet à aborder, mais si quelqu'un faisait attention, tres attention, peut-être aurait-il remarqué au fin donc de ses yeux la peur et la souffrance.
Mais Savanah n'était pas quelqu'un qui laissait voir qui elle était au fond d'elle.
Et ces quelques détails n'auront en somme, jamais existés.

La brune s'apprêtait à continuer lorsque l'autre lui tourna le dos, commencant à ôter ses habits sans pudeur avant de se diriger vers la salle de bain. Et à ceci, la psychiatre ne trouva rien à dire, simplement profondément agacée par le comportement de l'homme qui avait repris parole, inspirant profondément et froidement pour tenter de retrouver un minimum de calme.
Juste histoire de pouvoir encore répondre diplomatiquement à cet énergumène.

-Heureuse de l'apprendre, mais, au risque de te décevoir, je pense que c'est malheureusement impossible, "très cher". répondit alors la brune qui s'était retournée pour ne pas voir quelque scène désobligeante, crachant presque les derniers mots bien que son ton réussissait à garder un calme non négligeable. Mais pour ce qui est de " t'harceler", n'aies crainte pour cette fois, car j'en ai vu suffisamment pour aujourd'hui.

Et sans un mot de plus, elle s'avança vers la porte d'un pas décidé, le visage ferme voir crispé sous l'agacement profond qu'elle ressentait contre l'imbécile immature qui lui servait de collègue, s'arretant alors quelques secondes devant la porte, avant de saisir la poignée.

-Je venais juste m'assurer que ta nouvelle vie de bibliothécaire grasouillet ne te fasses pas oublier la réelle raison de notre présence ici, chère Gourmandise.