D'la boue ♫ [ Pv Elizabeth - Anthony ]

La nuit avait été longue et comme d'habitude je l'avais passé dans la forêt. Je commençais à me dire que ce métier le bouffait l'existence. J'étais seule, j'étais fatiguée mais j'aimais tellement cette forêt que je ne pouvais pas m’imaginer faire autre chose.

Je portais mon pantalon épais marrons, de quand je sais que je vais crapahuter toute la nuit, une chemise unie noir, pour me fondre dans la nuit et mon éternel longue veste en cuir marron que je tenais à la main, sans parler évidemment de ma baguette que je tenais dans l’autre main.
Je me sentais crasseuse, couverte de boue et je n’avais qu’une hâte, prendre une douche et aller dormir. Il fallait bien avouer que la nuit avait été, non seulement longue mais également très agité. Entre les centaures énervés et les autres créatures… A croire qu’un vent de folie soufflait sur cette forêt en ce moment.

Me trouvant à la lisière de la forêt, je faisais dos au parc, en me disant que j’avais oublié quelque chose d’important mais sans parvenir à me rappeler ce que ça pouvait bien être. Il s’était passé tant de chose…
Je décidée finalement que j’étais bien trop épuisé pour m’en soucier à cette heure et fit demi-tour… Juste à temps pour voir le bibliothécaire, alias Anthony se vautrer devant moi, dans la boue, dans un vol plané digne du plus gracieux des signes.

Je tentais de me retenir un instant, puis éclatais finalement de rire sans pouvoir plus m’arrêter.

-Dé… Désolé… Tentais-je d’articuler bien que je ne l’étais pas le moins du monde.

Rire, voilà qui ne m’était pas arriver depuis bien longtemps. Tellement que cela me parut étrange sur le moment mais au combien libérateur.

Il se releva, visiblement embarrassé par la situation. Je faisais mon possible pour stopper mon fou-rire mais à le voir ainsi, couvert de boue, face à moi, ce n’était pas chose aisé.

-C'est ça, rigole tant que tu peux avant que je ne te jette aussi dans la boue !

Effectivement, la menace fut efficace et calma mon rire.

-Tu n’oserais pas, quand même ?

Je n’étais pas bien sûr de la réaction qu’il pourrait avoir. Nous ne nous connaissions pas vraiment. Il vivait en intérieur et moi en extérieur, et puis, je n’aimais pas trop « fréquenter » les gens, surtout en ce moment.
Depuis que j’avais découvert mon pouvoir d’empathe, ma vie s’était considérablement compliquée. J’étais tous le temps concentré sur autre chose que tous ces sentiments qui m’assaillaient et inutile de dire qu’une école bouillonnait de ce genre de chose. Je préférais largement le calme de ma forêt.

Une fois encore, je sentais un malaise m’envahir sans parvenir à déterminer si il venait de moi ou de lui.

-Je t'enlacerais bien, mais ça m'étonnerais que tu apprécie, surtout vu ma superbe tenue... Et son accompagnement. Alors qu'est ce que tu deviens depuis tout ce temps ? La forêt va bien ? Et toi ? Tu te portes bien ?

Sa phrase me ramena à la réalité. Je me senti rougir sans vraiment savoir pourquoi. La proximité… Hum… Je devais me reconcentrer.

-Oui… Oui, merci mais ça n’est visiblement pas ton cas ! Déclarais-je.

Mais pourquoi est-ce que j’avais dit ça ? Parlais-je de sa tenue ou de ses sentiments que je sentais assez obscure, même moi, je ne le savais pas et ça ne me regardait pas. Je devais absolument me fermer l’esprit mais j’en étais incapable. Si seulement Luka était là, elle saurait comment me calmer, elle savait me donner de bon conseil.

Je respirais un grand coup avant de planter mon regard dans les siens.

-Viens se débarbouiller chez-moi si tu veux ! Et puis, on sera plus à l’aise autour d’une tasse de thé pour parler ! Tu pourras m’enlacer après ! Ajoutais-je sans le regarder et en commençant à partir suivit de Sunny, mon éternel compagne dans mes sorties en forêt. (ma chienne, un bouvier bernois)

Je tentais de maitriser la chaleur sur mes joues. Mais qu’est-ce qui m’avait pris de dire ce genre de chose ? Ca n’était pourtant pas mon genre.

Et il avait répondu par la positive, aussi je le guidais vers chez moi. Je ne savais pas comment agir avec lui, après tout nous ne nous connaissions pas vraiment et je me retrouvais à réclamer des calins et à l’inviter chez moi. Je devais vraiment avoir un problème.
Mais contre toute attente, j’avais réussi à faire le vide dans mon esprit et je m’étais enfin retrouver seule avec moi-même dans ma tête.

J’ouvrais la porte de chez moi et laissais le passage pour qu’il entre le premier. Oui, les dames d’abord d’ordinaire mais on m’avait élevé de sorte à laisser passer les invités en premier.
Un pas et nous nous retrouvions dans mon salon, petit, sans prétention, quelques armes accrochés à une patère, dans le fond ma cuisine et une belle et grande cheminée au pied de laquelle se réchauffer, deux portes dans le fond menant à ma chambre et l’autre à la salle de bain. Le décor pouvait faire assez rustique, il y avait des pierres apparentes et beaucoup de bois. A part cela, il n’y avait pas de photo, ni de tableau. Je n’avais qu’une photo de mes parents et je la gardais précieusement dans un album caché dans une boite sous mon lit.

Une fois arrivée, alors que j’étais sur le point de disparaître dans la salle de bain pour aller lui chercher une serviette, il m’en empêcha en me demandant :

-Elizabeth ? Est ce que je peux te poser des questions ? Et te parler, honnêtement ?

Son ton très sérieux m’alarma. Avais-je fait quelque chose ?
Je hochais la tête très sérieusement en m’asseyant sur une chaise devant la table.
Un coup de baguette et la théière fut sur le feu.

J’étais prête, je l’écoutais attentivement en prenant soin de fermer mon esprit même si ça n’était pas une franche réussite et que je sentais une ombre très sombre flotter autour de moi.