Will you be mad? (feat Eden)

Will you be mad?

Un petit troupeau de nuages gris se formait dans le ciel. Levant la tête pour mieux les observer, je fis glisser lentement la longue mèche de cheveu x qui me barrait le visage. Je fus étonnée d’apprécier tout autant ce spectacle aujourd’hui comme si rien n’avait  changé. C’était si comme si j’étais encore « cent pour sang «  sorcière. Or depuis une semaine, depuis qu’Aaron m’avait mordue, ce n’était plus le cas. Vampire. Depuis cet incident, je ne savais plus très bien où j’en  étais. Je crois en fait que j’étais heureuse de ressembler un peu plus à Eden –mon guide, mon mentor- et qu’en même temps, j’étais furieuse que mon corps se rebelle ainsi contre moi. Cette soif de sang était véritablement insupportable.  Je n’avais jamais été accro à une substance quelconque. Et là j’avais l’impression d’avoir une faiblesse supplémentaire.  J’abhorrais cela. Et puis une partie de moi redoutait la réaction d’Eden en apprenant que j’avais changé. Et si jamais il me rejetait ? Je repris ma route, marchant à petit pas rapides, chassant cette vilaine pensée. Des élèves de 3ème année faisaient les zouaves en hurlant dans les ruelles de Préau Lard. Ils se poursuivaient en riant. J’haussai un sourcil désapprobateur quand ils me frôlèrent au passage. J’étais bien loin de leur euphorie.
L’Auberge des 7 canards. Quand j’arrivais à destination, je m’arrêtais sur le seuil de la porte comme si une force invisible m’empêchait d’entrer dans l’établissement. C’était ridicule. La barrière n’existait que dans ma tête. Je n’avais pas à avoir peur d’Eden c’était ridicule. Inspirant à fond, je m’apprêtais à entrer.

Septembre - Auberge des Sept Canards  

Will you be mad?

HRPG : Ta rép me convient parfaitement ! J'aime le court et bien fait ♥

J’allais amorcer un pas, quand Eden se retrouva devant moi. Je stoppai net, et mon regard dut me trahir, car sa phrase fut sans équivoque. Il savait. Mon cœur cessa de battre avant de se remettre à tambouriner furieusement, tel un oiseau en captivité. Je me contentais alors de plonger mes yeux dans les siens, cherchant à lire dans ses émotions. Peine perdue. Je ne voulais pas paraître faible ni pleurnicharde. Je n’avais pas envie de dire que j’étais désolée me répandre d’excuses car ce qui était fait était fait. J’étais devenue vampire. Même si ce fait le blessait. Je ne pouvais pas revenir là dessus. Même si je le voulais. J’entrai à sa suite dans l’auberge, cachant ma peur de voir sur son visage les marques de la déception ou de la tristesse. Une fois assise devant lui à une table, bien à l’écart des autres clients, j’eus la force de dire :

- Tu le sais déjà n’est ce pas ? Que j’ai changé…

Mes précautions verbales m’agaçaient moi même. Une effluve d’odeurs vinrent me chatouiller les narines et je plissais le nez, déroutée. Mon odorat était plus sensible ces derniers temps, mais ce n’était pas le pire dans tout ça.

- Je voulais juste que tu saches que je ne l’ai pas choisi, déclarai-je ave franchise.. Mais à présent, je suis comme toi.

Les mains posées paume contre paume, j'attendis sa réaction.

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Will you be mad?

HRPG : Ahaha les jeux ont une tendance à déconcentrer ^^" no souci !

Ses mots…comme une sentence. J’attendais la tempête, le déferlement, rien ne vint. Juste cette douleur dans ses yeux, comme si je lui avais décoché une flèche parfaitement ajustée au niveau du cœur. Mais ce ne fut que fugitif, car avant tout Eden tenait à moi. C’était une certitude inébranlable qui balaya ma peur. J’avais eu tort d’appréhender cette rencontre. Car même si plus rien ne serait vraiment comme avant, notre chemin commun perdurait. A la perspective des années innombrables devant nous, j’eus le vertige. Mieux valait cesser d’y penser et de se concentrer sur l’instant présent. Je voulais rester la « Maël ». Je croisais les doigts, tandis que je cherchais les mots appropriés pour expliquer à Eden ce que j’avais vécu.

- C’était un accident si bête…. Un mauvais concours de circonstance. Je m’étais coupée et cet imbécile de Serpentard était là…

Ma voix était plate et lisse, alors qu’au fond je me perdais dans des circonvolutions pour présenter les évènements simplement et sans jeter le blâme sur Aaron. J’avais déjà bien commencer. Pourquoi voulais je le préserver ? Tout ça était de sa faute ! Rien que de m’imaginer son visage, je sentais de nouveau une rage impuissante à ce qu’il comprenne ce qu’il m’avait fait. C’était puéril, c’était vain. Aaron ne l’avait pas voulu non plus. Nous étions tous deux victimes en quelque sorte.

- Tu es en colère contre lui, articulai je soigneusement, je le suis également…un peu…enfin…c’est un peu flou dans ma tête. Tout ce que je sais c’est qu’Aaron n’a pas su se contrôler simplement.

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Will you be mad?

La colère. Je la vis luire dangereusement dans les yeux d’Eden. J’avais toujours été habitué à son calme olympien et à sa sagesse sempiternelle. Le voir ainsi en proie à des émotions si semblables aux miennes –car je ne comprenais que trop bien sa rage même si ses raisons devaient différer de celles que j’avais  précisément en tête-me désarçonna un instant. Si j’avais pu sursauter, je l’aurais fait quand il tapa du poing sur la table. Mais mon visage se contenta d’exprimer une perplexité absolue. Je me demandais si la vie d’Aaron était en danger. J’y pensais comme à une question rhétorique, sans chercher à creuser plus loin dans le désordre de mes émotions. Je préférais pour l’instant le hair, ce Serpentard maladroit. Ce qui me paraissait le plus « sensé » à faire.
Avec douceur, je posai ma main sur celle d’Eden pour l’apaiser. Enfin pour nous apaiser. Car je n’étais pas loin de l’énervement. L’inquiétude reprit le dessus sur moi. Apprendre à me nourrir ? Je n’arrivais pas à concevoir une telle leçon et pourtant…

- Apprendre à me contrôler. Est ce que j’en serai capable ? Tout me paraît si irréel, Eden. Je n’arrive pas à me projeter dans l’avenir. Je n’arrive même pas à m’imaginer ce que sait d’avoir besoin de sang. Même si j’ai si on peut dire « vu » ce que c’était de ne pas s’empêcher de mordre.

Aaron m’avait bien montré ces phases de « perte de contrôle ». Après une pause, comme désintéressée :

- Projettes tu de faire du mal à Aaron ?

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Will you be mad?

Les paroles rassurantes d’Eden eurent l’effet d’un nouveau baume apaisant. Je n’étais pas habitué à cette forme de nervosité parasite. La plupart du temps, je me contentais de jauger d’un œil supérieur et critique tout ce qui m’entourait sans avoir besoin de m’inquiéter de quoi que ce soit. La peur de l’avenir, du regard des autres…je les balayais d’une main orgueilleuse. A présent, cela comptait. Car je ne pouvais pas me permettre que les autres élèves sachent que je sois vampire. Et membre de la Confrérie, pour faire une pierre deux coups. A l’idée que Tsukasa et Eden étaient sûrement passé par cette même étape, je me sentis moins seule dans la perdition de mes émotions. Mon corps se rebellait constamment contre moi ce qui n’était pas facile à gérer. Ma gorge me tirait, mon estomac faisait des siennes. Les odeurs me paraissaient tellement agressives…je dus me concentrer pour écouter la réponse d’Eden à ma question sur Aaron. Je ne réagis ni positivement ni négativement à celle ci. Est ce que cela m’embêterait qu’il souffre ? Probablement pas…non à vrai dire, je serais plutôt satisfaite qu’il paie un peu à ce casse tête sans fin dans lequel j’étais plongée. Mais de là à ce qu’il meure…Cela serait sans doute excessif.

- Je crois que je la ressens, avouais-je en grimaçant avec un temps de retard. Ca ressemble à de la faim et de la soif mêlé.

Quelqu’un passa trop près de nous à ce moment là et je m’interrompis soudain.

- Comment s’y prend on pour se nourrir ? Cela m’étonnerait fortement qu’il suffit de demander poliment au premier quidam venu.

Un petit ton sarcastique. Je pensais tout haut, tiens, voilà qui dénotait une forte montée de stress.

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Will you be mad?

Eden me sourit et se lança dans des explications sur notre nature. Etre vampire. Se nourrir. Chasser. Ce dernier mot me fit tiquer et je fronçai les sourcils. Tomber dans les rangs des prédateurs me parut tout à fait anti naturel. Traquer quelqu’un était bien loin de ma nature froide et isolée. Cependant la perspective de trouver des volontaires alluma une lueur dans mon regard. Personnellement, je n’aurais pas tendu mon cou à un vampire, mais s’il y avait des personnes assez folles pour ce genre d’ expérience, je n’aurais pas à jouer les vampires d’opérettes. Cela m’inspira immédiatement la vision d’un Nosferatu désuet, vêtu d’une large cape et grimé. Aussitôt, je sentis mes lèvres s’étirer de quelques centimètres en une ombre de sourire. Il s’effaça rapidement quand Eden énonça les animaux. C’était sûrement la fatigue, mais je sentis une colère froide m’envahir à cette perspective. J’avais toujours eu plus d’estime envers le monde animal que celui des humains. Cela me révoltait au plus haut point.

- Je ne peux pas m'en prendre aux animaux, articulai-je contenant mes émotions.

Me nourrir d’être humain était une idée qui me dégoûtait bien moins qu’à m’attaquer à de belles créatures dénuée de langage. Prendre leur vie me semblait déplacée. Sauf bien sur si l’animal en question avait besoin qu’on mette fin à ses souffrances. Quand je me rendis compte de mon raisonnement tarabiscoté, je me sentis gênée. Mais cela passa bien vite pour être remplacé par de la détermination.

- Viens chasser avec moi maintenant, Eden. Il faut que j’apprenne. Et le plus vite sera le mieux.

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Will you be mad?

Je ne cillai pas quand Eden me remarqua qu’une traque était bien plus aisée de nuit. C’était évident ! Carrément logico-mathématique même. Pourquoi n’y avait je pas pensé plus tôt ? Mais il faut dire que je ne pensais pas à grand chose ces derniers temps. Je m’étais abêtie. J’étais passée par ce stade l’année de mes 14 ans et c’était plutôt une chose désagréable. Je n’avais pas envie que cela recommence aujourd’hui. Cela me désespérait d’avoir de tels temps de retard. Je valais tellement mieux ! Puis, finalement mon père de cœur accepta ma proposition nd’aller chasser, mais ses questions me firent réfléchir quelques secondes. Me sentais-je prête ? Je baissais les yeux quelques secondes, avant de doucement relever la tête pour asséner avec conviction.

- Comme tu l’as dit précédemment, je n’ai pas le choix. Je dois être prête. Allons y.

Sans plus attendre, je me levai pour me diriger vers la porte de l’auberge. Je cherchais des yeux le regard d’Eden, attendant qu’il me guide, qu’il me dise quoi faire. Une part de moi me soufflait que chasser ne serait que répondre à un instinct, mais j’avais peur justement. Peur de perdre le contrôle.

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Will you be mad?

Je suivis Eden sans un mot de plus. Sa manière de marcher, si majestueuse et digne jetait de l’ombre sur toutes les autres personnes présentes à la taverne. Il leur était infiniment supérieur et il le savait. Je me sentais fière d’avoir quelqu’un comme lui dans ma vie. Et rassurée à la fois. Le soleil m’éblouit une fois à l’extérieur. Heureusement pour moi, j’avais farfouillé dans la bibliothèque pour savoir comment résister à l’astre du jour. Un sort que je me jetais chaque jour. C’était certes moins efficace qu’une potion, mais vu mes talents dans ce domaine là, je risquais plutôt de me transformer en verracrasse en buvant le résultat de mes tâtonnements. Et puis je n’osais pas trop chercher dans la réserve d’Aidan. Si jamais je me faisais pincer, c’était fini de moi. Mon secret découvert, je serais sans aucun doute expulsée de Poudlard.

- Je me jette un sort régulièrement. C’est assez fastidieux de le faire chaque jour je dois l’admettre…répondis-je à la question de mon père de cœur.

Sa main sur mon épaule me réconforta d’autant plus. Et cela m’aida à me concentrer sur ma toute nouvelle tâche. Chasser. Mais d’abord repérer sa proie. Mes yeux balayèrent la place, à la recherche d’une aura quelconque qui puisse m’attirer. Je m’arrêtai sur une jeune femme brune, à l’ossature délicate. Quelque chose dans ses yeux, une sorte d’énergie vive qui m’appelait. Mais pas uniquement. J’inspirai. Et même à distance, je percevais l’odeur attrayante de sa peau. Cette sorcière avait elle des enfants ? Quelqu’un qui l’attendait ? Le soin extrême qu’elle accordait à sa toilette, cette hésitation quelque fois dans ses pas et dans ses gestes me poussaient à croire que non.

- Je la veux elle, dis-je à Eden.

Quand elle prit la direction d’une rue un peu moins fréquentée, je jetai un coup d’œil à mon protecteur, et alors qu’un sourire malicieux étirait mes lèvres, je lui emboîtai le pas.

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Will you be mad?

Ma proie nous tournait le dos. J’écoutais les paroles sages d’Eden. Heureusement qu’il me conseilla de ne pas utiliser le sortilège du Stupéfix. S’il ne l’avait pas souligné, je l’aurais sans aucun doute jeté sans réfléchir aux conséquences. Me préparant mentalement, j’inspirai à fond avant de m’éloigner de mon père de cœur et avancer vers la sorcière. Ma baguette était au creux de ma main, je me sentais nerveuse comme si je m’apprêtais à faire un saut à dos de Sombral. Je ne sus si j’avais été trop bruyante, malhabile ou trop évidente dans mon intention, mais elle se retourna rapidement, une lueur d’alerte dans le regard. Je levai ma baguette. « Expilliarmus ».
Aucun mot ne franchit mes lèvres mais le sortilège fonctionna. Mon effet de surprise eut l’effet escompté, le temps qu’elle réagisse le couvercle d’une poubelle se fracassa contre sa tête, la mettant K.O. Certes, cela manquait de dignité et c’était lâche mais je ne faisais que débuter. Alors que je rangeais ma baguette dans ma robe, une odeur parvint alors à mes narines. Je me figeais. Cette flagrance somptueuse effaça toute autre pensée rationnelle et ce ne fut que lorsque mes yeux découvrirent le sang qui coulait de sa tempe que j’éprouvai pour la première fois l’attirance sans borne de ce liquide rouge. Quelques secondes plus tard, j’avais les dents plantée dans sa chair, sans plus me soucier du monde extérieur. Je buvais, un frisson de plaisir me parcourant la peau. Au bout d’un moment, je me rendis compte que je n’arrivais pas à m’arrêter. Affolée, une partie de moi s’alarmait sur le fait que j’allais probablement la tuer, tandis que l’autre ronronnait de satisfaction.

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Will you be mad?

Soudain on m’arracha à ma proie. Des bras fermes et forts me tirèrent en arrière. La voix d’Eden me parut faible à mes oreilles. Le sang coulait le long de ma gorge et c’était simplement si délicieux que je n’avais pas envie de l’écouter. Mon cerveau se rebella, et les mots me parvinrent comme déformés. Tue…Tue..la… Mon corps s’arqua en avant comme pour tenter de trouver sa place juste. Près de ce corps chaud et tendre.

Ne la tue pas.

Ma conscience s’éveilla soudain et je restais, pantelante auprès de mon père de cœur sans pouvoir faire autre chose que respirer de façon courte et précipitée. La brume qui m’entourait se fendit soudain et je réalisai l’énorme erreur que j’avais été sur le point de commettre.

- J’ai failli perdre le contrôle, murmurai-je d’une voix blanche écho à la remarque de mon mentor.

Je ne pus rester plus longtemps auprès de la sorcière qui bienheureusement ne se souviendrait plus de rien grâce au sort jeté par Eden. Je m’éloignais à grand pas de la scène. Puis d’un seul coup, je me tournai vers lui :

- Je suis capable de faire beaucoup mieux que cela, je ne comprends pas ce qui est arrivé.

Ma soif s’était calmée. Je me sentais de nouveau plus sereine. Je ne parvenais même pas à être dégoûtée de ce que j’avais fait.

- Est ce qu’à chaque fois, cela va être aussi dur…d’arriver à s’arrêter ?

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