Après la tempête - Minerva&Myria

Myria était... désespérée. Elle ne comprenait pas comment il avait fait pour mettre autant de livres hors des étagères. Si l'atterrissage des livres avaient été parfaitement aléatoire, certains auraient dû, en toute logique, retomber dans une armoire. Mais non. Elle avait même cru en voir un voler par la fenêtre. Même si elle venait de passer un bon quart d'heure à lancer des sortilèges pour les remettre grossièrement aux bons emplacement, avant d'entamer un classement plus approfondi, la bibliothèque ressemblait toujours à un champ de bataille. Et elle commençait à avoir mal au poignet. Pendant l'incident, elle n'avait pas tout de suite fait attention et puis avait eu peur d'intervenir. Oui, peur. Elle avait même été un peu terrifiée. Quelque chose dans ses yeux qu'il n'y avait pas d'habitude. Alors elle s'était contentée d'aider les élèves à transporter leurs affaires plus loin, histoire qu'ils ne se reçoivent pas un livre sur la tête et avait prié pour qu'il s'en aille le plus vite possible.

Depuis qu'il était parti, elle avait fait de son mieux pour réparer les dégâts. Jorgen était parti manger. Derrière elle, la porte s'ouvrit et elle se retourna, s'attendant à trouver un élève revenu timidement pour terminer un devoir. Pas du tout. Devant elle, l'intimidante Minerva McGonagall, intimidante surtout dans ce genre de circonstances, où tout était n'importe comment et qu'elle était plus ou moins responsable. Myria s'avança à sa rencontre et commença à s'excuser :

Professeur, je vous assure que ça sera bientôt remis en ordre. Je n'ai vraiment rien pu faire...

Myria aurait largement préféré que les cocatris soient de retour. Elle savait quoi faire en cas de cocatris, c'était des créatures magiques avec un comportement particulier mais relativement stable. Malheureusement, il n'y avait pas de cours des soins aux professeurs fous à Poudlard. Qu'est-ce qu'elle était autorisée à faire exactement ? Elle n'allait pas le stupéfixier devant tous les élèves. Surtout qu'elle n'était pas certaine d'y arriver. Et puis, elle n'avait pas envie de diminuer le respect que lui portaient les élèves en le réprimandant devant eux. Du coup, elle avait juste attendu qu'il s'en aille, espérant vaguement qu'il rangerait avant de repartir... Ce qui n'était, évidemment, pas arrivé. Elle se demandait quelle mouche l'avait piqué exactement. Avait-il été victime d'un mauvais sort qui l'avait rendu aussi destructeur ?

Je ne dirais pas non, Professeur, mais je suppose que vous avez plus important à faire.

Elle n'avait pas envie de retenir la sous-directrice pour... ranger des livres. Tout d'abord, parce que c'était son travail de faire en sorte que tout se passe bien. Ensuite, si Minerva était venue jusqu'ici, ça devait être pour une bonne raison. La jeune fille massa un peu son poignet fatigué par la série de sortilèges de rangement qu'elle venait de lancer et marmonna, principalement pour elle même :

Les rayonnages seront impeccables d'ici demain, même si je dois y passer la nuit.

Et elle allait y passer une bonne partie de la nuit, même si elle ne le savait pas encore. Parce que, cette histoire de venir déranger sa bibliothèque, elle le prenait personnellement. Soit. Minerva était là et cela prenait la priorité ce sur qu'elle était en train de faire actuellement, même si savoir la pièce dans un état pareil la mettait fort sur les nerfs. Elle accrocha un sourire sur son visage et fixa son attention sur la Directrice des Gryffondors.

Que puis-je faire pour vous aider, madame ?

Elle était toujours polie, d'autant plus qu'elle appréciait beaucoup la sorcière, qui n'était pas aussi pincée qu'elle en avait parfois l'air. Elle n'avait pas envie de dénoncer Ludovic, d'autant que d'ordinaire il était toujours très aimable. Si ce n'était qu'une passade, elle n'allait pas lui attirer des ennuis pour ça, n'est-ce pas ?

Un livre de métamorphose végétale ? Il lui semblait en avoir croisé un il y a peu mais... Où pouvait-il bien être à présent, là était la question. Et elle n'avait pas encore rangé la section métamorphose. Ou plutôt le tas métamorphose. Elle laissa échapper un léger soupir. Et dire qu'en temps normal, elle aurait trouvé ce qu'elle cherchait en quelques minutes ou secondes. Au moins, Minerva n'était pas en colère contre elle, elle semblait même tenter de la rassurer. Après tout, il était vrai que ce n'était pas sa faute. Pas vraiment. Elle ne protesta pas, après tout, son aînée avait raison, elle avait besoin d'aide. Elle sortit plutôt sa baguette pour l'accompagner dans le rangement.

La Sous-Directrice était précise dans ses sortilèges et les livres s'envolaient, se dépliaient et se rangeait avec élégance. Myria n'était pas une empotée de la baguette, loin de là, mais il lui faudrait encore beaucoup de pratique pour arriver à une telle maîtrise. Elle était tellement impressionnée qu'elle en oubliait d'être gênée d'avoir dû accepter de l'aide. Ses propres ouvrages suivaient le même chemin, mais plus lentement et se cognaient parfois en vol. Ils semblaient un peu maladroits. Minerva lui demanda comment elle rangeait ses livres. La réponse sortit presque par automatisme, à force de répondre à cette question, habituellement sortie de la bouche d'élèves.

Par thématique, puis par ordre alphabétique de nom d'auteur puis de nom d'ouvrage.

Ce n'était pas le rangement qu'elle aurait choisi si on lui avait demandé son avis mais c'était celui qui était appliqué quand elle était arrivée et celui que Jorgen préférait. Elle n'allait pas tout changer. Soit. Elle se demandait quel était ce détail que McGonagall souhaitait vérifier. A vrai dire, elle l'imaginait mal douter, de quoi que ce soit, tant la sorcière était impressionnante.

On a des nouvelles sur la provenance de toutes ces cocatris ? Elles n'ont pas pu apparaître de nulle part.

Savoir d'où elle venait, où on les avait prise pourrait donner un bout de piste sur la personne qui s'était introduite dans la bibliothèque. Et avait volé les livres. Des livres anciens et rares. Myria était un peu vexée que sa ce soit passé à un moment où elle était absente. Comme si elle aurait pu faire quelque chose pour empêcher le cambriolage. Si Jorgen n'avait pas pu l'arrêter, il n'y avait aucune raison pour penser qu'elle aurait été plus efficace.

C'est vrai qu'à côté du loup-garou ou quoi que ça ait pu être, les cocatris faisaient figure de plaisanterie amusante. Pourtant, ça ne l'était pas du tout ! Ces satanées bestioles étaient capables de cracher le feu. Dans une bibliothèque, les flammes étaient déjà une malédiction en soi. Elle espérait qu'on trouve vite le coupable et que tout revienne à la normale, même si elle savait que ça ne serait pas aussi simple. Elle frissonnait rien qu'en repensant aux blessures de l'homme qu'ils avaient trouvé en haut de la tour. Qui était-il ? Comment, Morgane, était-il arrivé là ? Elle se doutait que ses informations, si elles avaient une réponse, étaient bien gardée pour éviter la panique. Elle ne pouvait cependant s'empêcher d'y penser.

Vous pensez... Il ne s'agit que d'une seule créature, n'est-ce pas ?

Le moment où les attaques avaient eu lieu semblait pointer vers cette théorie mais, pour Myria, rien n'était moins sûr. L'inventaire... Heureusement, elle s'était occupée de ça l'avant-veille. Sinon, elle aurait sans doute pu recommencer. Elle hocha la tête pour signifier à la Sous-Directrice qu'ils avaient déterminé les livres manquants. D'un coup de baguette, elle fit voler jusqu'à elle la liste qu'elle avait préparée lors du rangement qui avait suivi l'incident. La plupart étaient des livres de magie de haut niveau, voir de magie noire. En tout, une dizaine d'ouvrages avait disparus, uniquement des raretés. Cela n'annonçait rien de bon. Elle tendit le bout de parchemin à Minerva.

S'il vous plaît. J'espère que ça aidera à savoir qui a fait ça.

La détermination de la professeur de métamorphose et la certitude avec laquelle elle lui assurait qu'ils trouveraient les coupables suffisait à la rassurer un peu. Elle était une grande sorcière et, si elle le disait, c'était sans doute la vérité. Aidant de son mieux, elle apporta la liste des livres qui avaient disparus la nuit des incidents. L'ordre et l'organisation étaient très importants pour Myria. Elle avait donc déjà préparé un papier avec les noms des ouvrages et leurs auteurs qu'elle pensait apporter sous peu à la direction. Enfin, puisque la direction était venue à elle, ça lui éviterait un long trajet jusqu'au bureau de Dumbledore. Lorsque son aînée lui demanda si elle devait en faire une copie, la jeune Greengrass secoua la tête.

Elle est pour vous, tout a déjà été inscrit dans les registres.

Bien sûr. Elle inscrivait tout dans les registres. Le fait de savoir qu'ils n'étaient pas à jour la dérangeait tellement qu'elle les vérifiait plus souvent que nécessaire. Elle était un peu maniaque, mais ça correspondait plutôt bien à son emploi. Elle n'aurait, par exemple, jamais pu travailler dans une boutique comme l'animalerie magique du chemin de traverse, où le chaos semblait régner en maître et les poussières s'accumuler selon leur bon plaisir. Enfin, elle ne savait pas que des gens arriveraient régulièrement pour déranger sa bibliothèque. Un regard circulaire sur ce qu'il restait à remettre en place lui fit lâcher un soupir... avant de sourire en apercevant un bout d'une couverture familière. Un coup de baguette et l'ouvrage se posa doucement dans sa main. Les plantes transfigurées ou comment transformer du basilic en cactus. Elle leva les yeux vers McGonagall.

A tout hasard, ça ne serait pas le livre que vous cherchiez ?

La jeune fille était contente d'avoir réussi à retrouver le livre en question au milieu de tout ce fourbi. Surtout que ce n'était pas n'importe quel ouvrage de métamorphose végétale, mesdames et messieurs, c'était le bon, celui que Minerva était venue chercher au départ ! C'était tout de même un petit exploit. Charme de protection pour l'école... Mmh... L'idée était bonne. Si les meubles pouvaient défendre le château, les envahisseurs auraient une bonne surprise. Par "envahisseur", elle pensait à celui qui avait réussi à s'incruster jusqu'en haut d'une tour, donc. Si le professeur Chourave avait cours en ce moment ? Myria réfléchit un moment, elle avait lu tous les horaires il n'y avait pas si longtemps et avait une bonne mémoire pour ce genre de choses.

Hm... Non, je ne pense pas. Il me semble qu'elle a une heure de libre cette après-midi.

Oui, quoi ? Elle connaissait les horaires de tous les profs par cœur. Mais c'était pour être certaine de ne pas déranger quand elle devait amener des documents. Et parce qu'elle aimait bien retenir des choses. Elle connaissait aussi l'horaire de son patron sur le bout des doigts. Et elle avait bien remarqué que le bibliothécaire prenait des pauses pour manger beaucoup plus longue que ce qui lui était accordé normalement. Elle ne lui en voulait pas pour autant, il était gentil avec elle. Surtout quand elle lui apportait du thé et des biscuits.

Elle était contente d'avoir pu aider Minerva, qui devait avoir tant de choses à penser qu'il était logique qu'elle ne soit pas certaine de l'horaire. Recevoir de la gratitude d'une si grande sorcière lui fit sincèrement plaisir. Même si elle ne faisait que s'assurer que tout se passait bien dans les étagères, c'était agréable de se sentir utile. Elle acquiesça et sourit en réponse avant de surprendre le regard de McGonagall sur le reste du désordre. Qu'elle ne s'inquiète pas, son collègue l'aiderait sans doute à terminer. Bon, en fait, il ne le ferait pas, mais notre jeune fille était encore pleine d'espoir.

Minerva s'apprêtait à prendre congé et la bibliothécaire préparait déjà une politesse à lui répondre quand elle parla de... distractions, de manière un peu évasive. Elle comprit pourtant exactement à quoi la sous-directrice faisait référence. Vous auriez pu voir Myria, vous auriez sans doute pensé qu'elle avait mangé un piment trop épicé, tant son visage tourna rapidement au cramoisi. Un joli cramoisi. L'incident était encore très frais dans sa mémoire et cela la désespérait qu'il le soit aussi dans celle de l'autre sorcière.

Oui, je... Hm. Je... Ne vous inquiétez pas, ça n'arrivera pas.

Pas très éloquent mais, au moins, elle avait fait part de ses intentions que ça ne se reproduise plus. Plus du tout, jamais. Même si elle allait être amenée à croiser un autre Gryffon plus tard dans la nuit. Ça, elle ne le savait pas. Elle rangea une mèche de cheveux à sa place pour tenter de camoufler, un peu, sa gêne évidente. Bon, c'était sans doute rater. Tant pis.

Passez une bonne journée !