Une histoire de circonstances - jour 2

Lorsque le brun se réveilla en sursaut, le souffle court et, elle l'aurait parié, le front en sueur, Linda se recula soudainement, comme craignant de se prendre un nouveau coup de la part du pauvre bougre sans pour autant lâcher sa main. Et pour cause, plus d'une raisons l'auraient poussé à le faire, à se décaler de plusieurs pas pour mettre une distance de sécurité entre elle et celui qui venait d'hurler à la mort. Mais elle ne le fit pas, peut-être car elle avait ressentit la main de l'homme instinctivement répondre à son étreinte, peut-être par simple inquiétude ou par solidarité, mais à la vue du regard que lui porta l'enseignant, comprenez bien que le fait de rester à ses côtés pour ne pas s'éloigner fut une épreuve bien plus difficile que ce qu'il n'y paraissait.
Car ce regard, ce regard terrorisé par... Par quelque chose dont elle ignorait même la nature, oui, ce regard la marqua, la paralysant au plus profond de son être tandis que la confusion prenait lentement possession de son esprit. Et pourtant, elle en avait vu des regards, suppliants, terrifiés, implorants, défiants, arrogants... Mais des comme cela, jamais. Allez savoir pourquoi celui que lui adressa Ludovic eut plus d'impact que tous ceux dont elle avait par la suite ôté la vie, riant presque de feu leur terreur, ou peut-être justement, craignait-elle celui qu'elle ne pouvait éteindre?
Les balbutiements paniqués et confus de l'enseignant firent eux, froncer un sourcil interrogateur mais avant tout effrayé à la jeune femme, ne sachant pas trop si elle devait tenter de le raisonner en combattant ses propres ses craintes, ou bien laisser le temps passer histoire de voir comment les choses évoluaient. Mais quelles étaient les chances que cette évolution soit au plus mal? Qu'il finisse par perdre "totalement" a raison, si seulement elle considérait qu'il l'avait encore?

Le brun sembla alors revenir à lui, ou du moins assez pour s'agiter dans le lit, comme pour tenter de se redresser le plus vite possible, lançant par la suite une inspection express sur son propre corps, comme paniqué par l'idée d'y trouver... Quelque chose qui ne devait pas s'y trouver? Etrangement, la vision du buste couvert de cicatrices revint à l'esprit de la jeune femme qui hésita légèrement avant de s'avancer d'un pas quelque peu timide, et ce même si dans son regard brillait toujours cette lueur effrayée qu'elle n'avait que peu l'habitude d'arborer.

-Que... Qu'il y a-t-il? parvint à marmonner la jeune femme en un souffle, ne sachant que trop que dire afin d'aider l'homme qui semblait si désespéré, si perdu dans sa propre tête.

Mais qu'importe ses paroles, Ludovic ne sembla pas y prêter grande attention, semblant totalement déconnecté de la réalité autour de lui. Puis, soudainement, le brun releva la tête et se pencha vivement vers la surveillante, à un point qu'instinctivement, celle-ci se recula, tout bonnement surprise de cette brutale réaction. Puis, presque instantanément, l'homme lui cracha une question, presque aussi en colère qu'il était terrifié, lui demandant par ailleurs ce qu'il avait dit durant son sommeil.

-Je... Je ne sais pas! commença à répondre la brune en secouant la tête, observant ses mains désormais vide comme s'il s'y trouvait là la solution. Rien de spécial, vous... Vous hurliez simplement et... Je ne savais pas quoi faire et...!

Mais peine perdue, car bien entendu, il n'attendit pas sa réponse, se jetant déjà au sol, cherchant à taton... Quelque chose dont l'Auror n'avait même pas idée. Le suivant du regard, presque aussi confuse que celui qui tapotait en ce moment même le parquet de la petite chambre, elle ne put même pas agir lorsque le français envoya valser le grand miroir à travers la pièce, ce dernier explosant en des dizaines de morceaux brillants dans le noir, renvoyant uniquement le reflet d'une nuit trop sombre, d'une nuit qui perdait tous ceux qui y pénétraient.

Il comptait partir.
Cette théorie s'imposa alors à l'esprit d'Oswin comme une évidence tellement simple, la plus claire des réponses, qu'elle fut comme prise d'un brupt soubresaut. L'arrêter, l'empêcher de s'enfuir, de commettre une erreur qui pouvait lui être fatale, encore une fois, oui! Mais n'était-ce pas là la tache qui lui incombait à présent? Aider cet homme, cet idiot à la tignasse qui ne faisait que de se mettre en danger 24 heures sur 24. C'est ce pour quoi elle s'avança à grandes enjambées vers son comparse, prise d'une assurance soudaine bien que sa respiration profonde et rapide laissait clairement comprendre que malgré sa détermination nouvelle, la crainte n'avait pas quitté son esprit. Mais ce fut sans compter sur la propre folie de l'ébouriffé, qui lui, ignora totalement la surveillante, la bousculant même brutalement sans le moindre remord, se dirigeant par la suite vers le couloir contigüe d'un pas des plus rapides, ne laissant pas le temps à la jeune femme de réagir assez vite.
Tournant vivement la tête vers la porte de laquelle s'était enfuit l'enseignant, Linda se releva au plus vite, lâchant un grognement tandis que son épaule capricieuse lui fit douloureusement rappeler sa présence, avant de se jeter à la poursuite de l'homme avec un désavantage déjà certain.

-Descremps!

Sa voix résonna dans la petite bicoque qui trembla sous ses pas, et comme son prédécesseurs, elle bouscula le propriétaire de la dite maison, s'arrêtant cependant un instant pour lui aboyer quelques questions, la hâte se faisant sentir dans son ton et dans son regard à la froid froid et paniqué:

-Où est-il parti? Est-ce qu'il est sorti? Dîtes moi s'il est sorti!

Mais en vain. Pas assez rapide, pas assez conscient, la brune ne s'y attarda pas plus et en serrant les dents, la jeune femme se lança à la suite de l'homme sans grands espoirs de le rattraper. Et pour cause...
Arrivée en bas, ce ne fut que la silhouette sombre et lointaine du français qui s'éloignait à l'horizon qui accueillit sa vision des choses. Sans plus d'espoirs de le rattraper, Oswin ne put que l'observer partir, à la fois inquiète et clairement frustrée de n'avoir put rien faire face à sa confusion. Il avait eut un problème, lui pour une fois, et lors de cette rare fois, elle n'y put rien. Pas le moindre conseil, pas la moindre main tendue... Et son propre souffle court lui laissait clairement entendre que le poursuivre dans la nuit s'avérait tout bonnement impossible.
Car c'était tout ce qu'il était à présent, une ombre lointaine errante sur la lande.
Et encore une fois, elle n'avait put l'aider. Encore une fois, elle sentait en cette fin de soirée un goût d'amertume, et encore une fois, elle se retourna en faisant brutalement claquer la porte, lâchant un cri de frustration en sachant pertinemment que cela ne changerait rien.

Tenue d'Oswin: