Révélations [ Pv Elizabeth / Anthony ]

Il avait l’air si sérieux qu’il me faisait presque peur, alors j’attendais en silence, qu’il se décide à me parler.

-Bon, voilà, ça fais un petit moment que ça me pèse sur le cœur, et faut que j'en parle à quelqu'un. Je n'en peux absolument plus et ça me tape sur le système nerveux. Bon, je vais être franc et direct avec toi. Je fais partit de la Confrérie.

Et voilà, il l’avait fait. Il m’avait parlé. A l’instant même où le mot Confrérie fut lâché, la bouilloire se mit à siffler comme si elle savait que quelque chose devait venir interrompre le silence de cette révélation.
Je ne savais vraiment pas comment réagir et à voir sa tête, il redoutait ma réaction autant que moi j’étais effrayée par ce que je venais d’entendre.

A nouveau, cette pression sur mon esprit se fit sentir. L’angoisse, la peur et… la faim ?

Je secouais la tête pour me remettre les idées en place et me levais pour aller enlever la bouilloire du feu. Je fis cela plus pour me donner le temps d’assimiler ce que je venais d’entendre que pour la bouilloire car une simple coup de baguette magique aurait put faire cela.

Dans mon dos, je sentais qu’il attendait et pourtant je ne savais pas quoi répondre.
Qu’espérait-il en m’annonçant ce genre de nouvelle ? Que je comprenne ? Que je le soutienne ? Que je le dénonce ?

Je posais l’instrument sifflant sur la table avant de me rassoir.

-je… Tu… Hum… Tu fais partie de la confrérie ? Toi ?

En un sens, j’avais du mal à y croire. Ils avaient la réputation de méchant, ils faisaient du mal aux gens, ils tuaient des gens mais lui semblait être un de ceux qu’on nomme gentil, alors je ne comprenais pas.

-Tu… Tu tue des gens ?

Je n’étais pas certaine de vouloir connaître la réponse mais je me devais de poser la question et en fonction de celle-ci, j’aurais une décision à prendre et j’espérais vraiment que ça ne soit pas pour son malheur. Alors, le regardant dans les yeux, j’attendais sa réponse avec appréhension.

Je sentais bien qu’il tentait de me faire passer un message avec ses explications sur la confrérie, de me faire croire que ce n’était pas de leur faute… Mais comment y croire ? Pourtant, j’en avais tellement envi.

Il avait été contaminé par la gourmandise… Je réalisais soudain que cette faim dévorante que je percevais depuis un moment, elle venait de lui et je commençais à comprendre l’étendu de sa douleur, de la contenance qu’il devait s’imposer afin de se maîtriser.
Il m’expliquait qu’il avait décidé de se montrer honnête avec moi, justement car nous ne nous connaissions pas. Je voyais bien qu’il attendait une réaction de ma part alors qu’il parlait mais franchement, je n’avais pas la moindre idée de laquelle je pourrais avoir.

M’enfuir ? Me battre contre lui ? Le dénoncer ?
Comprendre ?

Il était devant une fenêtre à me dire qu’il désirait devenir plus proche de moi, sans aucun mensonge entre nous, qu’il voulait se montrer honnête car c’était ce qui avait détruit toute ses relations. J’étais perdu alors qu’il me regardait avec appréhension.
Comment voulez vous réagir face à ce genre de révélation ? Je n’étais qu’une sorcière tout ce qu’il y avait de plus banal. Je n’avais jamais été impliqué dans des histoires étranges ou autres… Le seul truc étrange chez moi était mon pouvoir d’empathe qui venait de se réveiller alors que faire ?

Respirant calmement, je pris ma décision.

-Non, je ne te dénoncerai pas ! Tu peux rester si tu veux ! Je… Je te remercie de ton honnêteté… Enfin… Je crois ! Je t’avoue que je ne sais pas encore trop comment réagir ! C’est un peu… Enorme comme nouvelle… Tu me jure que tu ne chercheras pas à me faire du mal ? Ou à qui que ce soit d’autre ? Tu me jures que nous sommes en sécurité ?

Au fond, je n’étais pas vraiment inquiète pour moi mais plus pour les élèves de ce château, ils n’étaient que des enfants et c’était mon rôle de les protéger.

Il était tendu mais je voyais qu’il était également rassuré de me voir bien réagir mais ce fut à mon tour de me tendre lorsqu’il me parla de me prendre comme disciple.
Je ne bougeais plus, ne respirais plus.
Je le regardais s’asseoir en m’invitant à en faire autant mais j’étais incapable de bouger, incapable de faire le moindre mouvement.

Mais dans quoi est-ce que je m’étais engagé ? Je ne désirais qu’un ami et j’allais devoir m’enrôler dans une confrérie d’assassin ? Bon, certes, il me disait que j’en avais une fausse idée mais quand on vous martèle une idée en tête, il est difficile de s’en défaire juste sur la parole d’un homme que vous connaissez à peine.
Je prenais la pleine conscience de l’ampleur de la confiance qu’il plaçait en moi mais malgré tout, je ne savais pas comment réagir. J’avais confiance en lui-même si je ne savais pas pourquoi mais de là à faire partie de… A intégrer… Je ne savais pas.

Il s’était assis à la table se servant tranquillement du thé en me souriant alors que j’étais planté là sans savoir quoi dire, ni quoi faire.

« Qui… A qui d’autre en as-tu parlé ? »

Ma voix était faible et je posais la première question qui me passa par l’esprit. Cela aurait pu être pourquoi faut-il que j’intègre la confrérie ? Ou si je ne dis rien, suis-je réellement en danger ? Mais non, je voulais savoir qui était cet autre personne en qui il avait eu confiance presque comme si… Presque comme si j’en étais jalouse ? Alors que j’étais terrifiée à présent que j’étais au courant de son secret.


Mais pourquoi avait-il voulu se confier à moi ?

Trop tard. Mon cerveau avait grillé. Je n’étais plus capable de comprendre ce qu’il me disait. Je n’étais plus capable de bouger.
Je voyais bien qu’il était inquiet et qu’il me parlait mais j’étais incapable de me reconnecter à la réalité.

-…t'effondrer… Immédiate, juste … réfléchisse, et que… Oubliettes… t'arrive des problèmes par ma faute.

Voilà à peu près ce que je percevais à travers le brouillard qui m’entourait mais en l’entendant parler d’oubliette et de problèmes, je reçu comme un électrochoc suffisamment puissant pour me reconnecter à la réalité.

-Non !

Ma réaction avait été plutôt violente mais je n’avais pas pu me contrôler.

-Non ! Je t’interdis de jouer avec mes souvenirs ! Je n’ai pas peur ! C’est juste que… Juste que je ne veux pas devenir un membre de la confrérie… Je ne peux pas… Tu ne peux pas… Je te soutiendrais ! Je t’écouterais ! Je suis ton amie mais si tu es le mien alors tu ne me forceras pas à faire quelque chose contre ma volonté ! J’ai confiance en toi, ne me le fait pas regretter !

Je savais bien qu’il ne pensait qu’à ma sécurité, ainsi qu’à la sienne mais je me refusais à devenir l’un de ces… Non, je ne pouvais pas.

Ayant retrouvé mon calme, je vins m’asseoir prêt de lui et lui prit la main doucement. Je le regardais tendrement et je réussi même à esquisser un souvenir.

-Tu dois comprendre que c’est un peu beaucoup, ce que tu viens de m’annoncer ! Je suis désolée mais pour le moment, je ne suis pas prête à prendre ce genre de décision ! Ton secret est en sécurité avec moi et personne ne saura que je sais, je te le promets !

J’espérais qu’il me croyait et qu’il me respecterait assez pour ne pas aller contre ma volonté mais je n’avais aucun moyen de le savoir. J’avais choisi de lui faire confiance et je priais pour qu’il ne me le fasse pas regretter.